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SERRE MOI FORT

Un film de Mathieu Amalric

Une superbe étreinte cinématographique

Par un matin d’hiver, une jeune femme se lève délicatement. Elle embrasse ses enfants. Elle semble abandonner son foyer, laissant derrière elle sa famille…

Serre moi fort film movie

Il est parfois très difficile de parler d’une œuvre sans en révéler les mystères qui lui donnent tout son sens. Évoquer "Serre moi fort" d’un point de vue narratif ou scénaristique viendrait ainsi rompre le silence nécessaire pour apprécier toute la beauté de ce film où se mêlent souvenirs et fantasmes, nostalgie et émotion. Car cette nouvelle réalisation de Mathieu Amalric ne se regarde pas, elle se vit, se ressent, vous prend par les tripes et vous balade dans ce voyage onirique aux confins du drame. Pour ne pas dénaturer l’expérience du spectateur, nous pouvons retracer les premiers instants, ce réveil matinal après une nuit où un doux manteau blanc a recouvert l’horizon. Clarisse se lève, discrètement, sur la pointe des pieds, elle ne veut pas réveiller ses enfants mais tient à les embrasser. Elle croise le regard de son aînée. Un dernier sourire. Puis, elle part, elle fuit, abandonne sa famille et le foyer.

Puzzle bouleversant, le métrage est tout autant une construction intellectuelle brillante qu’une pure exploration sensorielle, un objet hybride où il est important de s’abandonner à cette déconstruction formelle, précisément parce qu’elle dessine in fine un récit où ces fragments de vie s’imbriqueront parfaitement dans le schéma voulu par le cinéaste. Fascinant et poignant, le film ne s’amuse pas pour autant à nous amener sur des fausses pistes jusqu’à une révélation finale, façon Christopher Nolan ou M. Night Shyamalan, l’essentiel se trouvant ici bien plus sur le chemin que sur un éventuel climax final. Après "Barbara", Mathieu Amalric confirme son talent mélodramatique et la délicatesse de son cinéma. Et offre un nouveau grand rôle à Vicky Krieps, définitivement l’actrice du moment après ses prestations dans "Bergman Island", "Old" et "Beckett".

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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