SILK ROAD
Un biopic intéressant mais loin d’être exaltant
En 2011, Ross Ulbricht, jeune Texan proche de l’idéologie libertarienne, met en ligne sur le darknet, la plateforme Silk Road. Véritable Amazon des produits illégaux, le site ne tarde pas à attirer l’attention des autorités américaines. Cela conduit Rick Bowden, agent de la DEA tout juste sorti de désintox et mis au placard à la cybercriminalité, à se pencher sur le cas de celui qu’Internet surnomme « Dread Pirate Roberts ». S’engage alors une traque qui mènera les deux hommes bien au-delà des limites de la loi.
Sortie le 24 juin 2021 sur Amazon Prime Video
"Silk Road" est un biopic tout ce qu’il y a de plus classique. On fait la connaissance du célèbre Ross Ulbricht, jeune libertarien originaire du Texas, interprété par Nick Robinson ("Shadow in the Cloud", "Bodyguard"), plutôt convaincant dans ce rôle. Il en va de même pour le reste du casting, Jason Clarke ("La Planète des singes : L'Affrontement", "Everest", "Zero Dark Thirty") est parfait en flic instable, mis au placard, et on prend plaisir à retrouver Jimmi Simpson ("Westworld", "House of Cards", "Zodiac") dans un rôle d’expert en informatique ombrageux qui n’est pas sans rappeler celui qu’il tenait dans "House of Cards".
Loin de l’image de gangster 2.0 qui lui a souvent été attribuée, le portrait que Tiller Russell dresse de Ross Ulbricht est sans doute plus proche de la réalité. Il faut dire que le film s’appuie sur l’article "Dead End on Silk Road: Internet Crime Kingpin Ross Ulbricht’s Big Fall" de l’écrivain et journaliste David Kushner, paru en 2014 dans le magazine "Rolling Stone". À partir de ce travail journalistique de qualité, le scénario se montre inspiré et propose une vision intéressante qui ne tombe pas (trop) dans le sensationnalisme graveleux.
Situé quelque part entre "The Social Network" et "Breaking Bad", le film nous dépeint l'ascension et la chute d’Ulbricht, dans un récit genre rise and fall, là encore très classique. En fait, et c’est l’un des plus grands reproches qu’on pourrait faire au film, "Silk Road" est classique, très classique, trop classique. Une production formatée Amazon Prime Video qui ne sort jamais des sentiers battus pour rester le plus près possible d’une recette éprouvée commercialement, si ce n’est artistiquement. Le film reprend de nombreux codes de la fiction « inspirée de faits réels » comme les arrêts sur image en fin de séquence ou les traditionnels cartons de fin de film expliquant ce qui s’est passé ensuite.
En même temps, pourquoi essayer de faire dans l’originalité quand la recette a fait ses preuves et qu’on a sous la main l’une des histoires criminelles les plus fascinantes de ce début de XXIème siècle ? De fait, c’est surtout par curiosité morbide qu’on se retrouve à regarder et à apprécier "Silk Road". Il n’y a rien de mal à cela, mais si vous êtes à la recherche de quelque chose de plus, passez votre chemin. Vous ne trouverez là qu’un bon film pour un dimanche après-midi pluvieux, ce qui n’est déjà pas si mal.
Vous l’aurez compris, on n’a pas grand-chose à reprocher au film mais on n’a pas non plus de grands compliments à lui faire. In fine, c’est un bon produit Prime Vidéo mais ça reste un produit.
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur