LES AMOURS D'ANAÏS
Portrait d’une impétueuse fille en feu !
Anaïs vit à Paris à cent à l’heure et ne voit son petit-copain qu’en coup de vent. Lors d’une soirée chez des amis, elle fait la rencontre de Daniel avec lequel elle va débuter une relation adultère avant de s’intéresser à la femme de ce dernier…
C’est un vent de fraîcheur mêlé à une ardente bourrasque qui balaye ce premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, qui retrouve Anaïs Demoustier après l’avoir dirigée dans son précédent court-métrage "Pauline Asservie". Le résultat de cette nouvelle collaboration est réjouissant ! C’est frais, c’est vif, le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer en suivant les pérégrinations de cette Anaïs qui croque la vie à pleines dents et profite de tout ce qu’elle peut lui apporter, constamment guidée par l’irrationnel, ses pulsions et ses désirs ! Anaïs est possédée par la frénésie de la vie (elle dont la mère est atteinte d’un cancer) et la fougue, la mise en scène collant parfaitement à son tempérament ! La caméra la suit ainsi dans une chorégraphie parfaitement maîtrisée de descente d’escaliers, de course dans les rues de Paris, de danse à la tombée de la nuit, avec des musiques qui accompagnent divinement ses pas chassés. La tornade ou « le bulldozer » comme l’appelle son petit-ami est inarrêtable jusque dans ses sentiments et ses fameuses histoires d’amour qui illustrent le titre de ce film.
Car Anaïs aime sans se poser de questions. Elle suit son cœur et butine les fleurs qui l’attirent, tantôt un jeune beau mec (trop rare Christophe Montenez, qui joue le strict opposé d’Anaïs), tantôt un homme marié (Denis Podalydès, génialement perdu entre deux femmes au caractère flamboyant), tantôt une femme mûre (mystérieuse Valeria Bruni Tedeschi, touchante de féminité sensuelle et fragile). Cette ode à l’amour sans frontière, à la liberté d’aimer et de se laisser aller à la découverte de ses sentiments et désirs fait mouche grâce à une écriture au ton libre mais qui ne tombe jamais ni dans le vulgaire, ni dans la caricature. Il n’est d’ailleurs jamais question d’homosexualité, seulement de désirs, de sensualité et d’ouverture d’esprit. L’apparente légèreté de ses jeux d’amour est bien plus complexe et cache en réalité le revers de la médaille, le film rappelant qu’on ne joue pas avec le cœur et les émotions et que le risque de se brûler les ailes est toujours réel.
L’énergie qui traverse ce film, on la doit indubitablement à la comédienne principale, Anaïs Demoustier, tout feu tout flamme, qui agace autant qu’elle amuse ! Elle incarne, en effet, un personnage au caractère espiègle qui n’écoute pas toujours ce qu’on a à lui dire et qui parle constamment de ses histoires de cœur même si vous n’en avez cure ! Elle est drôle, imprévisible, exaspérante, un véritable personnage de comédie que l’actrice française (César de la meilleure comédienne pour son rôle dans "Alice et le maire") tient à la perfection. De comédie, il en est question tout au long du film, que ce soit avec certains personnages masculins (l’amant qui débarque en Bretagne, le frère et son lémurien) ou au travers de situations irrésistibles (l’appartement sous-loué aux touristes chinois). "Les Amours d’Anaïs", c’est un véritable bol de vitamines idéal pour la rentrée !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur