AMERICAN NIGHTMARE 5 : SANS LIMITES
Une surprise : le meilleur film de la série après le premier ?
De l’autre côté de la frontière texane, un couple se joint à d’autres Mexicains candidats pour rejoindre les terres de l’American dream. Ils se lancent alors dans un dédale de tunnels qui les emmènent sur le sol américain. Quelques mois après, ils se préparent à passer leur première nuit de purge, le grand classique annuel mis en place par les Nouveaux pères fondateurs au pouvoir aux États-Unis. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…
Et voilà que la purge américaine refait son retour pour une cinquième édition. Cette fameuse nuit où tous les meurtres sont permis. Nous ne reviendrons pas sur l’hérésie politique et la voie fantasmée que cela représente pour bon nombre d’Etatsuniens, essayons juste de comprendre les motivations à sortir ce nouveau film qui bouscule un peu les lignes de la série. Car oui c’est à ne plus rien y comprendre, James DeMonaco scénariste de tous les "American Nightmare" ose plus ouvertement briser son propre fonds de commerce qu’est l’american power of the white supremacists. Après quatre films pro-armes où le Blanc s’en donne à cœur joie pour dézinguer les rebus de la société (comprenez les SDF, les Blacks camés…) "American Nightmare 5 : sans limites" bascule dans un tout autre registre.
En effet, le film met en avant des Mexicains qui classiquement au début du long-métrage entrent illégalement sur le territoire US et qui moins classiquement se retrouvent au bout de quelques mois bien intégrés dans le système américain, avec un job décent, des responsabilités honorables, voire des qualités humaines qui surprennent dans ce genre de film. Pour ne pas trop en faire, DeMonaco va même jusqu’à noircir un peu leur tableau, histoire d’éviter tout manichéisme. Encore moins classiquement, suite à une purge sans limites décrétée par des identitaires chevronnés, des Mexicains, sans arrière-pensée que sauver leur prochain, viennent au secours de riches et racistes texans et tous se mettent en tête et en jambes de repasser la frontière dans l’autre sens, le Mexique les ayant généreusement ouvertes pour sauver le plus de texans racistes possible ! Et le final est de toute beauté quand le riche et raciste texan voit sa descendance naître sur le sol mexicain !
C’est assez fou, mais l’histoire tient plutôt la route. La réflexion sur l'immigration comme sur le mur de la honte est au cœur du film et fait largement écho à l’actualité, surtout avec le climat de l’époque post-Trump qui vient de s’engager. On voit la référence évidente au mouvement trumpiste qui a poussé des Américains à prendre d’assaut le Capitol à Washington, faisant quand même quatre morts à l’époque. Le chaos généralisé dans ce film appellera-t-il un sixième épisode ? C’est vivement espéré car sinon c’est le principal reproche que l’on pourra faire au scénario de DeMonaco, trop facile et trop léger comme à son habitude.
Sur le plan cinématographique, la réalisation d’Everardo Gout fait le job, convoquant parfois en clin d’œil les fantômes de "Mad Max" et de "New York 1997" (en clin d’œil, hein !). Mais le film – bien que produit par Blumhouse – continue à rester très éloigné du film d’horreur. "American Nightmare 5" n’est au mieux qu’un modeste survival, surprenant par son parti pris mais continuant d’être des plus classiques dans sa mise en scène. Les comédiens – dont on a l’impression de découvrir l’existence, mis à part l’excellent Will Patton – ajoutent un peu de piment à ce cinquième épisode qui relève un peu la sauce d’une série dont on n’attendait plus rien. C’est donc davantage cette surprise qui sauve le film d’une énième déroute.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur