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MURINA

Retenir son souffle

Julija, 17 ans, vit sur une île croate avec ses parents. Les tensions avec son père tyrannique s’accroissent au moment où ce dernier accueille un ami étranger et tente de lui vendre sa propriété…

Murina film movie

Les rochers des côtes méditerranéennes, la plongée, une murène… On pourrait avoir tendance, au tout début, à penser au "Grand Bleu", mais on est tellement loin du film de Besson qu’on laisse vite cette aberrante comparaison au placard ! En quelques minutes, les bases sont posées : l’héroïne est une ado qui doit composer avec le caractère tyrannique de son père. Le cadre insulaire et la plongée sous-marine accroissent la notion d’emprise et la difficulté à trouver des échappatoires, mais les scènes subaquatiques sont parfois moins oppressantes que certaines séquences de conflit sur la terre ferme, d’abord parce que le père n’est techniquement pas capable de débiter ses horreurs machistes et paternalistes sous l’eau, mais également parce que la jeune Julija trouve un peu de sérénité ou d’évasion dans ce milieu aquatique où la liberté semble possible.

La réalisatrice n’y va pas par quatre chemins : pour que l’on s’identifie pleinement au personnage de Julija, il faut que l’on déteste son père. Elle appuie donc le trait. Le contraste entre ce paternel tyrannique et son séduisant ami étranger est presque trop prononcé voire cliché, mais comme le film adopte le point de vue de la jeune fille de 17 ans, il est logique que l'étranger soit ainsi idéalisé et que le père apparaisse véritablement comme un cruel despote. Pour supporter l’ambiance familiale pesante, la jeune fille alterne entre deux attitudes : soit elle encaisse sans réagir, soit elle fait front, parfois jusqu’à la provocation.

"Murina" s’avère un peu confus sur certains aspects (comme le passé des personnages ou la manière dont le récit inclut une véritable tragédie s’étant déroulée sur l'île) mais la mise en scène se montre efficace dans l’ensemble. La réalisatrice Antoneta Alamat Kusijanović installe une tension quasi permanente entre les quatre protagonistes, jouant sur les regards pour compléter ce qu’ils se disent déjà explicitement. Le film doit aussi beaucoup à l’intensité de ses séquences sous-marines et à son interprète principale, la jeune Gracija Filipović, qui embrase le film et que l’on accompagne volontiers dans ses rêves comme dans ses calvaires.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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