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GREAT FREEDOM

Un film de Sebastian Meise

Un exceptionnel film de prison sur le thème de l’homosexualité

Après la Seconde Guerre mondiale durant laquelle il a été déporté à cause de son homosexualité, Hans est à nouveau incarcéré pour la même raison à cause d’une ancienne loi restant en vigueur dans la République Fédérale d’Allemagne…

Great Freedom film movie

Au premier abord, le sujet de ce film ne semble pas nouveau : de nombreuses sociétés ont rejeté, interdit ou criminalisé l’homosexualité (et les lois ou coutumes continuent dans ce sens dans beaucoup de pays et de religions) et l’Europe occidentale ne fait pas exception – rappelons qu’il a fallu attendre 1990 pour que l’Organisation mondiale de la santé retire l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

Toutefois, si de nombreux longs métrages ont dénoncé ces injustices et persécutions, celui du réalisateur autrichien Sebastian Meise va plus loin dans l’accusation en évoquant une honteuse continuité entre l’Allemagne nazie et la RFA post-45 concernant la répression des gays, cela à cause d’une loi datant de 1872 et remise en cause seulement à la fin des années 1960. Ainsi, le héros du film, Hans, est-il immédiatement incarcéré après la libération des camps, et ce sans que ça ne fasse sourciller les libérateurs américains.

"Great Freedom" n’évoque néanmoins pas immédiatement cette scandaleuse transition d’après-guerre, optant pour une entrée en matière très rétro avec un faux document filmique supposément tourné dans les années 60 dans des toilettes publiques, à travers une vitre sans teint, afin d’établir des preuves de flagrant délit concernant l’homosexualité d’hommes qui s’y retrouvaient clandestinement. La suite paraît assez classique dans un premier temps et on a peur d’assister à un fade film de prison où il ne se passe pas grand-chose, jusqu’à l’arrivée (somme toute assez rapide) d’un flashback permettant de retourner dans le passé du protagoniste, en 1945. Perturbant dans un premier temps, car inattendu et introduit subtilement par l’intermédiaire du son, dans l’obscurité du mitard où le héros est condamné, ce premier flashback est une sorte de deuxième introduction qui amorce véritablement le récit.

Proposant plus tard une troisième période d’incarcération de Hans (dans les années 1950), la structure du film alterne entre ces trois époques qui finissent par s’entremêler avec une étonnante fluidité, révélant ce qu’il faut au moment où il le faut, et usant intelligemment de quelques indices pour identifier les décennies (comme l’évolution des tatouages et la présence ou absence de moustache). "Great Freedom" trouve aussi un bel équilibre de ton, aménageant des respirations humoristiques au sein de ce drame à la fois révoltant et émouvant. Le duo Rogowski-Friedrich et la fin surprenante complètent la liste (non exhaustive) des qualités de ce film pour en faire un prétendant sérieux à la Queer Palm de Cannes 2021.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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