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SOUND OF METAL

Un film de Darius Marder

Le son d’un très grand film !

Ruben et Lou sillonnent les pubs pour donner des concerts de métal. Malheureusement, Ruben est de plus en plus gêné par des acouphènes, au point de ne plus pouvoir donner le meilleur sur scène. Après avoir vu un médecin, le verdict tombe : le jeune homme est en train de devenir sourd…

Sound of metal film movie

Lorsqu’on parle du cinéma de Derek Cianfrance ("Blue Valentine", "The Place Beyond the Pines"), les épithètes qui surgissent sont souvent : authentique, intimiste, bouleversant. Les mêmes adjectifs pourront désormais qualifier le premier film de son ancien scénariste, Darius Marder, ce dernier reprenant également l’une des recettes fétiches de son compère, le virage narratif qui vient complètement chambouler une intrigue.

Ruben et Lou sillonnent les États-Unis, de rades en rades, pour se produire sur des scènes où la foule réduite n’empêche pas l’électricité de l’atmosphère. Lui est à la batterie, donnant chaque coup sur les cymbales comme si c’était le dernier, suant et se déchaînant presque érotiquement sur les deux bâtonnets, devenus des extensions de ses mains. Elle, chante, transcende les quidams avec sa voix et son énergie. Ils filent le parfait amour, s’enivrent de la ferveur du public, traversent le pays dans leur caravane. Jusqu’au jour où, en plein concert, les acouphènes du jeune homme s’aggravent, le rendant presque sourd, incapable de suivre la mélodie. S’il veut se rassurer, la caméra ne ment pas, le spectateur comprend immédiatement : il ne s’agit pas d’une simple crise, le mal est profond. La romance musicale vire alors au drame pudique, à la reconstruction d’un être écorché vif dont tous les repères viennent d’exploser.

Puissant et poignant, "Sound of Metal" est une œuvre coup de poing, qui terrasse parce qu’elle prend au cœur et aux tripes sans aucun artifice. Vertigineux aussi bien dans ses silences que dans ses scènes de rock bouillonnantes, le métrage impressionne par sa maîtrise du récit, ce savoir délicat visant à alterner les excès de colère avec des séquences si sobres, tant déchirantes (on pense notamment à cette scène où le protagoniste interagit avec un enfant à travers les vibrations). Si Darius Marder réalise un coup de maître pour sa première réalisation, deux comédiens crèvent l’écran. Tout d’abord, Paul Raci, époustouflant dans le rôle du patriarche de la communauté, au point de troubler la fiction en lui donnant des allures documentaires. Et bien évidemment, Riz Ahmed. Celui qui avait déjà brillé dans "Ill Manors" ou encore dans la mini-série de HBO, "The Night of" rappelle à tout le monde qu’il est l’un des acteurs les plus doués de sa génération. S’il est souvent galvaudé d’utiliser l’expression « un acteur habité par son rôle », celle-ci n’aura jamais autant trouvé son sens que dans cette prestation rare.

Deux conclusions : les nominations aux Golden Globes et Oscars pour Riz Ahmed sont pleinement méritées. Et ce film doit être vu sur un grand écran, confortablement assis dans un de ces fauteuils rouges qui nous manquent tant.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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