MUSIC
Une approche naïve de la thérapie par la musique
Music est une jeune fille autiste, qui vit chez sa mère. Habituée à une certaine routine, des œufs au petit déjeuner, un casque sur les oreille, elle sort dans la rue pour effectuer son parcours usuel. Mais lorsqu’elle rentre à la maison, elle est prise d’une crise d’angoisse alors qu’elle découvre sa mère inanimée. C’est alors Zu, sa demi-sœur, à peine sortie de cure de désintoxication, qui va devoir la prendre en charge…
Premier long métrage de la chanteuse australienne Sia, à qui l’on doit entre autres tubes planétaires, la fameuse chanson accompagnant la bouleversante scène finale de la série télé "Six Feet Under","Music" dispose sur une histoire à la "Rain Man" (un personnage devenant soudain en charge d’une personne dépendante, qui demande une attention qu’elle a bien du mal à donner), des morceaux musicaux certes joliment chorégraphiés ou photographiés, mais dont on aura bien du mal du mal à justifier l’utilité. Représentation des rêves ou du monde intérieur de cette jeune fille autiste prénommée « Music » qui se balade sans cesse avec un casque sur les oreilles (en intérieur comme extérieur) ? Représentation des états psychologique du trio de personnages principaux (Music, sa sœur Zu, leur voisin attentionné Ebo) ? Ces passages ne faisant jamais avancer l’intrigue contrairement à ce qui pourrait être attendu d’une comédie musicale classique, dans les deux cas on a la sensation d’être soudain entraîné ailleurs, sans trop de justification.
Dans le premier cas, si on acceptait dans un premier temps le principe, en voyant la jeune femme se réveiller juste après un passage dansé (plus que chanté), tout est soudain envoyé aux orties lorsqu’Ebo explique que le casque de Music est en fait un amplificateur des sons ambiants, qui lui permet d’entendre le moindre détail (la scène la plus intéressante du film quant à la situation de ce personnage autiste et son hyper-sensibilité). Dans le second cas, on se dit aussi que chaque passage s’avère au final redondant, appuyant juste une sensation qui n’en avait nul besoin, pour arriver à la double conclusion de la fin : la musique a des pouvoirs apaisants… et « l’amour c’est compliqué » (phrase prononcée par Ebo lui-même). Toute cette débauche de costumes modernes, de tableaux finement éclairés en orange, rose, bleu, ou autres teintes dominantes n’aura finalement servi qu’à combler le vide, entre des personnages à peine développés, particulièrement le personnage titre, Music, dont on ne saura quasiment rien au final.
Reste cependant la prestation de Kate Hudson, rayonnante de jeunesse malgré ses 41 ans (elle arbore même un t-shirt « I’m not old, I’m just a recycled teenager »), incarnant avec honnêteté une incapacité à devenir adulte, et la sympathique bande originale, signée Sia, qui permettra de compenser un peu la pauvreté globale du projet.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur