THE MINIMALISTS: LESS IS NOW
Un documentaire inspirant malgré une mise en scène en partie inadéquate
Le minimalisme est un mode de vie remettant en cause la surconsommation et cherchant un rapport plus sain aux choses et des bonheurs plus simples…
Sortie le 1er janvier 2021 sur Netflix
En 2015, Netflix proposait un premier documentaire de Matt D’Avella sur le minimalisme, "Minimalism: A Documentary About the Important Things", déjà centré sur le duo « The Minimalists » composé de Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus. Six ans plus tard, c’est reparti avec "The Minimalists: Less Is Now". Paradoxalement, on a d’abord l’impression que la promesse ne sera pas tenue : n’est-ce pas inopportun d’avoir un documentaire de plus sur un mode de vie qui propose d’avoir moins ? Cela semble d’autant plus inapproprié que, alors que le film de 2015 restait globalement classique et sobre, la mise en scène bien plus artificielle de ce nouveau documentaire contraste avec le discours sur la simplicité, tout en reprenant partiellement le même contenu et les mêmes propos que le documentaire précédent. Le seul aspect qui va du côté « moins », c’est la durée : 53 minutes au lieu de 78. D’une certaine façon, "The Minimalists: Less Is Now" paraît donc surtout intéressant pour celles et ceux qui n’ont pas déjà regardé le film de 2015.
Durant près de la moitié du film, on a l’étrange impression de regarder la même chose, répétée en boucle. Ironiquement, ce film, qui critique nos habitudes d’accumulation de biens de consommation, s’avère lui-même accumulatif et paraît vain voire vide ! D’autre part, certaines scènes, dans lesquelles Joshua Fields Millburn ou Ryan Nicodemus s’adressent à la caméra ou à un public invisible, ressemblent à des présentations de produits de type keynotes à la Steve Jobs ! Cela procure donc un sentiment bizarre dans le cadre d’un documentaire ouvertement anti-consumériste et anti-matérialiste.
On frise l’indigestion et l’ennui pendant une bonne vingtaine de minutes. Pourtant, quelques passages plus forts finissent par nous toucher et nous faire réfléchir, pouvant réveiller des interrogations enfouies. Le film commence notamment à nous atteindre en plein cœur à partir du moment où Joshua Fields Millburn évoque un double traumatisme : la mort de sa mère et la vertigineuse montagne d’objets accumulés dans sa maison dont il a dû se débarrasser. Et des propos s’avèrent réellement inspirants, même s’ils peuvent apparaître évidents : « Si le message du minimalisme est si fort, c’est qu’on se gave des mauvaises choses et qu’on meurt de faim quant à ce qui compte vraiment ».
Petit à petit, on se surprend à réévaluer certains aspects de notre vie – et peut-être que l’impression de boucle du début a participé à provoquer ça ! Ainsi, lorsque des conseils plus concrets arrivent à la fin, "Minimalism: Less Is Now" atteint finalement sa cible car on se demande s’il ne serait pas bon de les suivre !
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
L
dimanche 14 mars - 6h55
Enfin une critique constructive et qui s'approche de l'opinion que je me fais de ce documentaire ! Étant plutôt en faveur d'un mode de vie raisonné et plus axé sur la qualité des relations humaines, j'ai regardé ce docu par curiosité sur cette nouvelle thématique du "minimalisme" qui me paraît être plus une mode qu'un mode de vie. J'ai tout d'abord tiqué sur l'incoherence d'un docu qui prétend prôner "moins" sur une plateforme qui prône le contraire.... bref, toute la mise en scène pourrait faire penser à une pub déguisée pour Starbucks ou Amazon (d'ailleurs on y aperçoit pas mal de pub subliminales pour des multinationales, ce qui donne totalement la nausée). Je me suis fait la réflexion que le minimalisme n'est pas forcément décroissant ni écologique, mais peut finalement avoir un effet pervers, celui de prôner un monde dématérialisé (beaucoup plus de high tech), ultra consumériste (on jette ou donne pour mieux acheter mais pas n'importe comment, sur Amazon!) et méga lisse (un décor Ikea sans odeur ni saveur). Franchement le minimalisme présenté par ce docu ne me fait pas rêver du tout. Pour moi, ces deux zigotos ont été utilisé comme nouveaux influencer d'un nouveau monde consumériste, celui de se donner bonne conscience en donnant tout en achetant de nouveau...