C'EST TOI QUE J'ATTENDAIS
Un documentaire sensible sur l’adoption, déséquilibré par ses chansons
Un couple de parisiens, après un parcours de PMA pour la femme (avec son ancien compagnon), décide d’adopter. Un autre couple ayant eux, perdu un enfant, s’engage aussi dans une procédure d’adoption. Alexandra, anglaise, cherche à retrouver son fils né sous X lors d’un séjouren France lorsqu’elle était jeune. Quant à Sylvian, il a deux enfants, mais est né sous X, et il voudrait retrouver sa mère biologique…
"C'est toi que j'attendais" propose d'aborder le sujet sensible de l'adoption en se centrant à la fois sur les démarches de deux couples cherchant à adopter, et sur celles d'une femme forcée par ses parents d'accoucher sous X dans sa jeunesse, et d’un homme lui-même né sous X. Le choix d'entremêler les récits s'avère parfaitement judicieux, permettant d'éclairer à chaque fois plusieurs facettes d'une même décision ou de choix intimement liés. Et c'est donc sans commentaires en voix-off, avec le choix d'une intimité avec ses protagonistes que Stéphanie Pillonca déroule son « enquête », laissant ses héros s'exprimer, sur leurs blessures, leurs doutes, leurs peurs et leurs désirs aussi, et donnant à voir les étapes de leurs parcours, jonchés de petits bonheurs ou de grands espoirs...
Avec un tournage étalé sur neuf mois, à raison de trois ou quatre jours mensuels, attentif à tout nouvel événement, le film semble couler avec le temps qui passe, pointant méticulosité et bienveillance du système administratif qui chamotte l'adoption, complexité de l'approche génétique et indispensable patience. On peut néanmoins se questionner sur l'intérêt de la scène d'ouverture, montrant un accouchement, dont finalement il n'est pas réellement question ici, même si le désir d'enfant s'affiche du côté des adoptants comme de l'Anglaise qui cherche à retrouver son enfant, laissé jadis en France. Mais au final c'est surtout le choix de chansons d'Aurélie Saada, du duo les Brigitte, pour relier ces témoignages, déjà touchants voire bouleversants en eux-mêmes, qui s'avère bien peu judicieux. Au lieu de faire le lien, celles-ci ajoutent une apparente mièvrerie à l'ensemble, comme si la douceur du propos n’était pas déjà suffisamment affichée, puisque ici tout semble se passer au mieux, pour les uns comme les autres.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur