AYA ET LA SORCIÈRE
Un récit qui atteint vite ses limites
Une mystérieuse motarde poursuivie, a déposé par le passé son bébé, prénommé Manigance, devant la porte d’un orphelinat. Quelques années plus tard, Aya a grandi, elle est rousse et porte ses deux couettes vers le haut, leur donnant des allures d’oreilles. Bien installée dans la demeure, turbulente, elle ne veut surtout pas être adoptée. Pourtant, un jour, une grosse femme prénommée Bella et un homme dénommé Mandrake la choisissent et l’emmènent. Exploitée, elle s’aperçoit qu’elle est devenue la servante de celle qui est en réalité une sorcière…
Sortie le 18 novembre 2021 sur Netflix
Présenté en première mondiale au Festival Lumière 2020, dans la section des films cannois, "Aya et la sorcière" était sans doute l'un des films les plus attendus du festival, qu'Annecy n'aurait pas manqué également de programmer si le Covid n'était pas passé par là. Troisième long métrage de Goro Miyazaki, le fils de Hayao, déjà auteur des plutôt réussis "Contes de Terremer" et "La Colline aux Coquelicots", le film est le premier long du Studio Ghibli à être réalisé entièrement images de synthèses et est considéré comme un téléfilm au Japon, où il sera diffusé à la télévision le 30 décembre 2020.
Comme de nombreuses œuvres du père, "Aya et la sorcière" a à nouveau pour héroïne une jeune fille, ayant un caractère bien trempé, plutôt espiègle et téméraire, peu de choses réussissant finalement à l’effrayer. Et c’est peut-être d’ailleurs là l’une des premières limites du scénario : le manque de réaction du personnage face à tout ce qu’elle va découvrir dans la maison de Bella Yaga et de Mandrake. Si la magie fait cependant son œuvre à partir du moment où le palier est franchi, entre porte d’entrée disparue, organisation des pièces improbable, atelier insalubre aux mille ingrédients, ou encore chat aux yeux verts doté de la parole, l’apprentissage de la jeune fille est un peu trop aisé et surtout la persistance des liens avec sa mère apparaissent vite comme de simples alibis pour une histoire alambiquée et une conclusion expédiée sans la moindre explication.
Adapté du roman illustré de Diana Wynne Jones ("Earwig et la sorcière" qui sera réédité en France le 14 mars 2021), auteure de "Le château de Hurle", roman adapté librement par Hayao Miyazaki sous le titre "Le château ambulant", l’intrigue semble ici s’achever comme celle d’un premier épisode d’une série, laissant quelque peu le spectateur estomaqué. L’animation est quant à elle plutôt de qualité, même si on regrettera par exemple le caractère fixe des cheveux des personnages (« à la playmobil »), rendant le tout plutôt artificiel, ceci alors que par exemple, les textures des tissus s’avèrent très travaillées. Difficile donc de ne pas ressentir un goût d’inachevé face à ce nouveau film du Studio Ghibli, auquel une suite pourra peut-être donner une portée moins anecdotique.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur