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VOYAGE VERS LA LUNE

Un film de Glen Keane, John Kahrs

Un conte aux mille couleurs

Une légende affirme qu’il existe, sur la lune, une déesse (Chang’E) qui attend l’amour de sa vie, Hou Yi, laissé derrière elle, sur terre. La jeune Fei Fei, ayant perdu sa mère, se dispute à ce sujet lors d’un repas de famille, auquel se sont joints sa future belle-mère, Mme Zhong, et son fils Chin. Affirmant contre tous que ce conte est vrai, elle est bien décidée à le leur prouver, en construisant une fusée afin de se rendre sur place…

Voyage vers la lune film animation

Sortie le 23 octobre 2020 sur Netflix

Produit par Netflix, "Voyage vers la lune" est réalisé par Glen Keane et John Kahrs, tous deux anciens directeurs de l'animation sur "Raiponce", l'un des classiques de Disney. Utilisant ici les images de synthèse, ce film d'animation est de belle facture, autant dans les ambiances de village chinois de la première partie, que dans le monde coloré et suspendu de Lunaria, qui dépaysera forcément dans la seconde. Les amateurs des films d'animation issus de la firme aux grandes oreilles ne seront pas dépaysés, la structure du film ayant tendance à faire siennes ses recettes : scènes chantées faisant avancer l'histoire, personnages secondaires trognons et parfois amusants (ici un lapin pour elle, une grenouille pour son demi-frère), partie du monde de la lune en correspondance plus avec un état psychique (il y un soupçon de "Vice Versa" dans tout ça), etc.

Avec une histoire clairement composée en quatre parties, correspondant à 4 enjeux bien identifiés (refus du changement, entêtement dans la construction d’un vaisseau proche du train à lévitation magnétique, contre la montre pour prouver que le conte est vrai, lutte contre le désespoir), le film peut aussi se lire comme le processus de deuil auquel doit faire face son héroïne, avec ses différentes phases (déni, colère, acceptation, tristesse), ceci avant une conclusion où vient l’apaisement. L’univers imaginé autour de la lune, fait d’aplats de couleurs vives et de formes simples et douces (rayons, cylindres, ballons…) n’est pas sans évoquer aussi certaines influences chinoise, et s’avère plutôt séduisant.

Doté d’une musique signée Steven Price, compositeur auquel on doit déjà les bandes originales de "Gravity" ou "Baby Driver", le métrage n’évite cependant pas les effets modes, à l’image de la scène chorégraphiée de concert géant, sur la chanson passe-partout "Ultra Luminescente". Mais il incruste durablement en tête le joli single "Fly Away" ("M’envoler" par Camille Bertault), qu’on retrouvera sans doute parmi les nommés aux prochains Oscars. Mélangeant intelligemment tradition et imaginaire, ce film d’animation, qu’on aurait forcément aimé découvrir l’univers foisonnant sur grand écran, allie donc sujet sérieux et imagination, et laisse en mémoire quelques images marquantes (des chiens ailés, un vaisseau lanterne de papier…), tout en donnant aussi une irrésistible envie de goûter aux fameux Mooncakes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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