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LES AMANTS SACRIFIÉS

Un film de Kiyoshi Kurosawa

Un propos de base sous exploité

Yusaku Fukuhara, un entrepreneur japonais à l’aube de la seconde guerre mondiale change de comportement après un voyage en Mandchourie. Sa femme se demande ce qu’il a bien pu se passer là-bas…

Les amants sacrifié - Wife of a Spy film

La Mostra de Venise a vu projeté sur ses écrans le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa ("Kairo", "Real"), qui transpose sur grand écran l’histoire vraie d’un couple japonais en proie à un dilemme moral après que le conjoint ait été témoin d’un évènement crucial. Si le nouveau film de Kurosawa était l’un des plus attendus de cette sélection 2020 et a été récompensé par le lion d’argent du meilleur réalisateur, "Les amants sacrifiés" ("Wife of a Spy") s’est révélé être finalement assez décevant.

En effet, si le sujet semble de prime abord très intéressant et alléchant sur le papier, le film n’arrive jamais à complètement emporter le spectateur avec lui. L’expérience de cinéma devant ce film se cantonne donc juste au déroulement d’un récit, sans grand moment marquant.

Est-ce l’absence d’un angle de vue clair, du fait qu’on suit l’histoire du point de vue des deux amants, qui mène à une absence d’identification de la part du spectateur ? Est-ce le fait que le film a du mal à décider dans quelle catégorie jouer, à la fois film d’espionnage mais avant tout drame familial, le premier manquant cruellement de tension et de scènes fortes et le second manquant cruellement de relief et de nuance dans les relations qu’ont les personnages entre eux ? Ou est-ce le fait que film ne semble pas savoir de quoi il veut parler et ne va de facto, jamais vraiment au bout de ses thématiques, n’explorant ni vraiment le dégoût qu’a le mari pour ce dont il a été témoin, ni vraiment les retombés et le ressenti de sa femme par rapport à tout cela (un comble au vu titre) ?

De plus, si l’intrigue reste un tant soit peu mystérieuse au début, elle finit par adopter une narration très basique et prévisible. S’il est toujours très délicat d’analyser objectivement pourquoi un film est vecteur ou non d’émotions, force est de constater qu’ici la rupture émotionnelle entre le film et le spectateur est totale, les séquences de révélations et de retournement de situation ayant finalement assez peu d’impact. Mais est-ce pour autant que le film est de mauvaise facture ? Pas vraiment, ce serait un vulgaire raccourci.

Kurosawa nous propose ici une mise en scène toute en subtilité, avec notamment un très beau travail sur la lumière, les décors et les costumes. Les acteurs, eux, offrent tous une bonne prestation, bien qu’avec des standards japonais, ce qui pourra toujours déranger certains spectateurs occidentaux les moins habitués. Au final, "Les amants sacrifiés" se révèle donc être un film assez décevant et il est assez dur pour le spectateur d’accepter et de se laisser embarquer dans le contrat proposé par Kyioshi Kurosawa.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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