GARÇON CHIFFON
Un premier film intimiste et drôle, qui impressionne
Jérémie, la trentaine, est un acteur en mal de rôles, dont la jalousie compulsive a tendance à gâcher les relations de couple. Fréquentant l’ AJA (les Jaloux Anonymes), il ne trouve pas de remède à son mal être, et finit par se faire plaquer. Il décide alors de rentrer dans sa région d’origine, le Limousin, auprès de sa mère…
Pour son premier film de metteur en scène, Nicolas Maury (que le grand public a découvert dans la série "Dix pour cent" en assistant d’agent légèrement hystérique, et qui s’est fait remarquer depuis au cinéma avec de petits rôles dans "Un Couteau Dans le Coeur" ou dans "Perdrix") s’est donné lui-même le premier rôle. Son "Garçon Chiffon", surnom que lui donnait tendrement sa mère (Nathalie Baye) quand il était petit, est un délice de sensibilité, de tendresse matinée d’acide et de drôlerie.
Centrant son propos autour du rejet et de l’acceptation de soi-même, le scénario aligne à la fois des situations connues (l’entretien d’embauche, la filature, la crise de couple, les séances chez le psy…) pour mieux les détourner grâce à des dialogues incisifs et parfois tranchants (Jean Marc Barr réalisateur qui décide de ne pas l’engager en disant hypocritement « je m’ampute de toi comme d’un bras »…) ou à un léger décalage (l’Association des Jaloux Anonymes…). Portrait complexe d’un jeune homme qui cherche avant tout une paix intérieure, "Garçon Chiffon" doit beaucoup à des rôles secondaires comme Nathalie Baye en mère peu attentive mais bienveillante, Arnaud Valois ("120 Battements par minute") en petit ami excédé, ou Laure Calamy, une nouvelle fois épatante en réalisatrice plaquée, en pleine crise de nerfs et des plus épuisantes.
Entre pointes de ridicule infantilisantes (le pull rouge avec des moutons…), souvenirs nostalgiques magnifiés (et accompagnés de chansons telles « Marilyn et John » de Vanessa Paradis…), et quelques pointes de fantaisie assumée, le film recèle à la fois des trésors de comédie (le début est particulièrement réussi) et de bonnes doses d’émotion. Au final, on s’attache irrémédiablement à cet homme qui voudrait désespérément être aimé, et qu’incarne avec conviction Nicolas Maury.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur