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VORTEX

"Vortex", voyage dans un univers lynchéen à la française

Il y a l’homme, fils étrange abandonné par ses parents qu’il retrouve une fois adulte. Ils vont faire naître en lui une pulsion irrépressible. Il y a la femme, blonde solitaire dédiée à son sang menstruel qu’elle répand sur le monde qui l’entoure. Au cœur de leur solitude, le goût du sang va les réunir…

Vortex film

Les personnages de "Vortex" respirent le même air qu’Henry Spencer d’"Eraserhead", Jeffrey Baumont de "Blue Velvet" ou Fred Maddisson de "Lost Highway", et partagent les mêmes transes que celles décrites dans "Twin Peaks". Le film tient cependant plus du court-métrage étudiant devenu un long-métrage qui s’essouffle en étirant tous ses plans, que du film expérimental qui investit par sa mise en scène son sujet, et qui observe la naissance d’une folie, d’une violence fantastique au cœur du commun. On notera par exemple la présence de saletés sur l’objectif qui n’ont pas été supprimées par la post-production, et qui permettent de voir dans quel ordre ont été tournées les séquences. Cela aurait peut-être pu servir de repère dans cette narration fragmentée, mais il semble que non.

Malgré tous ces défauts d’exécution, "Vortex" a le grand mérite de chercher à proposer quelque chose de nouveau. Ainsi, bien qu’il réinvestisse les motifs éculés du psychopathe tueur, issu d’une famille trouble et incestueuse et de la sorcière contemporaine, demi-chamane portée sur le sexe et les plantes, le film propose une mise en scène qui se veut innovante, percutante et signifiante. On pourra noter par exemple, l’utilisation de la voix-off pour son monde à lui et du son direct pour son monde à elle, leur rencontre créant un mélange sonore et imposant la voix à celui qui était resté silencieux.

Si dans une première partie, les procédés provoquent effectivement un sentiment d’étrangeté et de malaise, leur utilisation systématique les prive vite de leur originalité et de leur force. De procédés, ils deviennent effets gratuits, un peu poseurs et souvent assez peu justifiés. La deuxième partie n’échappe pas à cela non plus.

La troisième partie du film, dès lors, et sans surprise, est la rencontre de ces deux individus, le mélange de ces deux univers et les étincelles qui peuvent en émerger. Leur rencontre a lieu sur la plage, entre des rochers dont les représentations incessantes, comme des invocations mystiques, les extraient hors du temps, dans une circularité obsédante. Ils sont également réunis par leur fascination pour le sang. Le sang menstruel pour elle, symbole de vie et de reverdie, et le sang encore chaud qui coule sur son couteau après un meurtre gratuit pour lui.

"Vortex" est à concevoir comme une expérience, un voyage, difficile à appréhender et à juger de l’extérieur. Sans doute le seul film où vous verrez une femme faire passer, sa main de son sexe à la bouche de son partenaire pour le nourrir de son sang menstruel. Bon visionnage.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

VORTEX – BANDE ANNONCE/Official TRAILER from Christophe Karabache on Vimeo.

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