GINGER’S TALE
Du déjà-vu (avec des cheveux roux)
Après que la reine ait perdu la Pierre de Feu dans la mer, suite à un incendie d’une des tours du château, Potter, qui vient de monter une échoppe de mode vestimentaire avec ses amis chappelier, bottier et une jeune femme prénommée Ginger, trouve cet objet magique, qui lui apporte la richesse. Mais rapidement son comportement commence à changer…
Même si cette lecture mérite une grosse nuance, on avait fini par penser que le conte moral(isateur) était depuis longtemps l’apanage des films d’animation américains, avec tonton Walt Disney en guise d’empereur élu à vie. Premier film de la compétition du Festival d’Annecy 2020, "Ginger’s Tale" nous invite à voir de quoi sont capables les réalisateurs russes en la matière. En un quart d’heure, l’affaire est déjà pliée. Konstantin Shchekin ne s’est pas attaché à infliger au genre une plus-value en lien direct avec sa culture russe, mais s’est au contraire cantonné au polissage animé d’un vaste melting-pot de clichés et de poncifs, duquel ne surnagent finalement qu’une animation aussi correcte que dynamique (on pense parfois aux premiers travaux de Don Bluth) et des teintes de couleurs chaudes qui donnent vie à une belle ambiance. Mais de jolis couchers de soleil et un rythme pas si mollasson que ça, ne suffisent pas à rattraper la sensation de patauger dans une mare de déjà-vu.
Des personnages caractérisés à gros traits (la méchante reine, le héros au cœur pur, la jeune fille en quête d’émancipation) jusqu’aux clichés invariables du conte moral (la quête initiatique, l’objet magique convoité par l’ennemi, le discours « l’avidité c’est pas bien » en guise de morale packaging) en passant par les inévitables chansons (qui semblent ici placées pile poil là où il ne fallait pas), rien ne manque au manuel du « petit Disney illustré ». De même que la méchante reine s’impose en copier-coller des vilaines respectives de "Blanche-Neige" et de "La Belle au Bois Dormant". Au bout du compte, on parie d’entrée que les plus petits trouveront leur compte devant ce dessin animé qui leur rappellera sans doute ces petites détentes matinales sur France 3 avant d’aller à l’école. Mais au vu de ce qu’implique une compétition pour le Cristal du long-métrage, il est difficile de se satisfaire d’un tel étalage d’archétypes non (ou peu) revisités.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur