NOUS, LES CHIENS
Une séduisante fable écolo et politique
Une voiture s’arrête. Un homme en sort et lance une balle. Un chien s’élance après celle-ci, mais pendant qu’il revient, la voiture démarre. Abandonné, il croise alors cinq autres chiens errants, dont une petite chienne blessée. Face à eux, il refuse la réalité…
Avec "Nous les chiens", découvert dans la section Contrechamp du Festival d’Annecy 2019, les auteurs coréens Lee Chun-Baek et Oh Seong-yun nous proposent de suivre à la fois une fable écolo, ayant pour centre d'attention une bande de chiens errants, et une parabole politique sur la survie dans la pauvreté et le basculement vers une position de hors la loi. Réfugiés dans un village en ruines, pourchassés par des hommes de la fourrière, ces animaux fidèles, abandonnés par leurs maîtres, apprennent à vivre à la marge, le héros conservant symboliquement sa balle, comme un lien symbolique avec l’Homme.
Après une première scène d’abandon déchirante, on s'attache progressivement à cette bande de chiens installée dans un quartier en ruine, chaque personnage ayant ses propres traits de caractère. De l'inconscient désir de retour dans un milieu humain, à l'exclusion progressive du fait de la destruction du quartier, jusqu'à la rencontre avec une horde devenue sauvage et vivant de chasse dans les montagnes, le métrage ne manque pas d'émotion. De jolies scènes sont ainsi construites, notamment autour du jeune chiot, avec un montage des souvenirs du héros, ou lors de la traversée de l’autoroute.
L’humour n’est pas en reste, face à des petites crottes de daims, comme lorsque les animaux revêtent des attitudes humaines. Exprimant clairement l'omniprésence destructrice de l'homme dans la nature et la difficile communion humains-animaux, cette fable éprise d'indépendance, est propice à toucher autant les petits que les grands. Et si certes l’animation n'est pas d'une esthétique marquante, elle allie de manière intéressante des décors crayonnés un rien simplistes et des personnages ou véhicules aux formes sommaires générées par images de synthèses, puis habillées de couleurs plus proches d’un dessin traditionnel. De quoi générer au final un long métrage prenant, qui tient parfaitement la route et atteint son objectif pédagogique.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur