AILLEURS
Un voyage fascinant et d’une poésie inouïe, entre culpabilité et espoir
Après un crash en avion, un jeune garçon se réveille suspendu à un arbre via un parachute. Trouvant une carte et une moto dans une grotte où il s’est réfugié, il s’engage sur un chemin qu’il sait surveillé par une forme gigantesque et menaçante. Son but : rejoindre le port situé à l’autre bout de l’île, au bout de la route…
Gagnant fort méritant dans la section Contrechamp du Festival d’Annecy 2019, "Ailleurs" est un film sans dialogues, une odyssée d’un motard au travers d’une mystérieuse île, traversant de multiples paysages et tentant d’échapper à un mystérieux géant (sorte de forme noirâtre). Véritable surprise, bourrée de poésie et d’onirisme, ce road-trip mêle contact avec une nature intrigante, paysages surprenants, et animaux au comportement étrange.
Niveau graphisme, le dessin mélange images de synthèse au rendu un peu grossier pour les paysages, et personnages en à plat de couleurs, sans ombre ni trait de contour. Donnant ainsi une certaine douceur au personnage principal et aux créatures qu’il croise, l'ensemble revêt du coup un aspect légèrement irréel, parfaitement adapté à cette histoire onirique de survie et de culpabilité. Flirtant aussi avec les principes d’un jeu vidéo, le parcours étant ponctué d’arcs, comme des étapes à franchir, et le poursuivant représentant une menace à éviter, le film est chapitré en quatre parties aux intitulés semblant être des indices.
Laissant libre court à l’imagination du spectateur, le récit montre le jeune homme à moto créant un étrange lien avec un petit oiseau jaune, qui deviendra une figure récurrente de son parcours. Divers rêves ou rencontres seront également décisifs pour comprendre cette intrigue qui se dévoile peu à peu. Poétique et surprenant, "Ailleurs" constitue au final un sublime et ensorcelant voyage, pour peu que l'on s'extirpe de ses aspects jeu vidéo pour se laisser imprégner par la majesté des lieux, l'étrangeté des comportements, et happer par une musique entre apaisement et pulsion de vie forcenée. Une expérience sensorielle fascinante, à ne manquer sous aucun prétexte.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur