HAM ON RYE
Lynch à Sundance
Dans une petite ville des États-Unis, c’est le moment que tous les jeunes attendent : la soirée chez Monty. Soirée qui va décider de leur avenir à tous. Par petits groupes, ils vont s’y rendre et découvrir ce qui les attend…
Vous avez vu "Twin Peaks" ? Si oui, dommage, peut-être que vous allez regarder "Ham on Rye" et que vous serez déçu, mais sinon, vraiment, allez voir "Twin Peaks", ou pire, posez vous quelques heures dans votre canapé et regardez "Stranger Things". Vraiment ? Regarder "Ham on Rye" sera votre choix, et il ne faudra pas dire qu’on ne vous a pas prévenu. Vous allez donc rentrer dans le monde merveilleusement éthéré et mou de la petite ville d’Ham on Rye, où des collégiens attendent leur première boum. Boum qui décidera du reste de leur vie. Tiens, d’ailleurs, allez voir "La Boum", ce sera moins fantastique, mais peut-être que vous passerez un meilleur moment. Et si vous voulez rester : soit.
Ham on Rye est une petite ville hors du temps. Elle respire à la fois l’esthétique hippie des années soixante, mélangée à celle des filtres Instagram d’aujourd’hui. Vous serrez donc devant un mélange relativement saturé, assez peu cohérent et expressif. Pour continuer dans cette intemporalité, les tenues de la plupart des jeunes sentent la naphtaline et leur jeu rappelle de proche en proche, ou plutôt de loin en loin, un spectacle de fin d’année. La majeure partie du film propose au spectateur de suivre plusieurs groupes de personnages qui vivent différemment l’imminence de cette fête. La palette de sentiments va de l’angoisse pure et dure, à un enjouement un peu puéril. Car qui dit fête, dit danse, dit slow, dit choisir et être choisi par un ou une partenaire.
Et cette fête est en fait tout l’enjeu du film. Les petits couples qui vont se former sur la piste de danse, qui vont s’embrasser et qui vont sortir ensemble de la sandwicherie, vont quitter cette ville morne, laissant aux solitaires, restés célibataires, une vie marquée à tout jamais par cet échec. Chacun n’ayant qu’une seule chance chez Monty. Ainsi, ce film serait-il une sorte de métaphore sur l’importance des amours de jeunesse ? Sur la culture castratrice du couple ? Ou tout simplement une œuvre qui s’est perdue en route ? À vous de juger, mais clairement, personne ne vous y oblige.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur