SUR LA ROUTE DE COMPOSTELLE
Chacun son deuil
Un groupe de six personnes, venues de Nouvelle Zélande et d’Australie, se lance sur le Chemin de Compostelle, entre la France et l’Espagne, pour un parcours de plus de 800 kilomètres. Une route difficile, pour ces personnages, venue chacune chercher ici quelque chose de différent, même si le deuil est pour la plupart un point commun…
Entre la très émouvante fiction signée Emilio Estevez, "The Way, la route ensemble" (2013) avec Martin Sheen, et le documentaire de Jupiter Films datant de 2015, "Camino de Santiago", ce nouveau documentaire allie la thématique du défi physique à celui du deuil, motif premier de nombreux pèlerins, parmi ceux montré ici en tous cas. Débutant sur la douleur et l’épuisement d’une vieille dame prénommée Sue, encouragée par ceux qui l’entourent, le film donne d’emblée le ton d’une œuvre centrée à la fois sur l’entraide et la compassion, autant que sur les destins individuels meurtris de Julie (54 ans), Teddy (69 ans) et son beau fils Mark (50 ans), Sheryl (56 ans), que la caméra suivra ensuite de près ou de loin, durant les 750 km les séparent de la ville objectif : Santiago de Compostella (Saint-Jacques de Compostelle).
Moins centré sur les beaux paysages du Pays Basque, d’Asturias, de Cantabria, et de Galice, que le groupe devra traverser, le documentaire se fixe sur des visages qui s’ouvrent progressivement, laissant souvent sortir une douleur indicible,. Il se concentre aussi sur les rencontres faites au fil du périple, les passages les plus ardus (La meseta), ou les lieux ayant le plus de signification (une église dans laquelle une messe fut dite il y a longtemps, la Croix de fer…). Déchirante série de portraits intimes, "Sur la route de Compostelle" se termine logiquement au bout du bout, auprès du phare de Finistierra, dévoilant au final, l’objectif ultime d’un des personnages, qui comme les autres, désire avant tout pouvoir enfin, aller de l’avant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur