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LE PRINCE SERPENT

Deux courts indépendants et une collaboration

Trois histoires en forme de contes, sur un mille pattes qui perd ses moyens, un inuit hésitant, et un prince ayant l’apparence d’un serpent, à la cruauté sans limite…

Le prince serpent film animation image

Il s’agit ici d’un ensemble de trois courts métrages animés, dont les deux premiers sont signés de deux auteurs différents (Anna Khmelevskaya et Fabrice Luang-Vija), et le troisième, donnant son titre au recueil, est issu de leur collaboration. Leur point commun ? La ruse mais aussi l’humilité. Une humilité que traite chacun des films à sa manière, avec une approche graphique différente. "Mille Pattes et Crapaud", d’après un conte de Gustav Meyrink, ouvre la bal, avec ses couleurs chaudes et son dessin entre peinture et traits de crayon façon encre de Chine. Une voix-off féminine évoque la dextérité du mille pattes, dont tous les animaux (et mêmes les herbes) attendent chaque jour le « spectacle ». Tous, sauf le crapaud, jaloux et méprisé de tous, qui trouvera un moyen de lui faire de l’ombre. Réflexion sur la différence entre inné et technique, sur l’exclusion et la célébrité, le film passe par d’étranges formes (le papillon, la fumée…) avant d’en arriver à sa conclusion égalitaire.

Adapté d’un conte de Néfissa Bénouniche, "Celui qui a deux âmes", César 2017 du meilleur court-métrage d’animation, est le second segment, portrait d’un inuit partagé entre comportements et activités supposés masculins et féminins. Accompagné d’une voix-off féminine, ce conte sur banquise possède une véritable douceur graphique, entre peinture et feutre, jeux de transparence, et très belle approche des scènes nocturnes. Conte malin sur le genre, le film met à égalité toutes les caractéristiques (sensible et fort, habile et précis), comme toutes les aptitudes (chasse et couture, pêche et cuisine), posant comme légitime et non problématique l’hésitation permanente de son personnage, jusque dans le choix de son partenaire.

Enfin, "Le Prince Serpent" vient clore le recueil, avec l’histoire d’un prince ayant l’apparence d’un serpent, qui voulant honorer la déesse de la fertilité en prenant femme, ne cesse de céder à ses instincts voraces. C’est avec des personnages à l’apparence articulée, évoluant sur des décors au contraste entre les dominantes de marron (la terre et et les bâtiments) et le bleu du ciel. Avec des textures s’apparentant à des éclats de peinture, l’élégance est au rendez-vous, pour une histoire qui joue avec la répétition, la Reine recherchant la plus belle femme parmi les différentes castes (novices, servantes…) avant de tombant sur une plus maline que les autres. Une conclusion magique pour un très bel ensemble, faisant voyager de l’Inde à la Mésopotamie, en passant par le Grand nord.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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FA Le Prince Serpent from Cinéma Public Films on Vimeo.

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