UN PRINTEMPS A HONG KONG
Arrangements et convenances
Dans les allées d’un parc, Pak, marié, chauffeur de taxi, rencontre Hoi, retraité divorcé. Le premier proposé au second d’aller dans les toilettes voisines. Le second refuse, préférant faire d’abord connaissance…
Depuis deux ou trois ans, les courts et les longs métrages traitant de l’homosexualité et de la vieillesse se multiplient. "Les héritières", puis récemment "Deux", avaient pointé l’oscillation entre la nécessité de vivre ensemble et le choix de cacher la nature de la relation aux enfants. Le formidable court métrage espagnol "Visibles" avait quant à lui pointé la nécessité pour les homos et lesbiennes de pouvoir continuer à être eux-mêmes, et ne pas retourner « dans le placard » lorsqu’ils intégreront une maison de retraite. Le film hong-kongais "Suk Suk" mêle ces deux sujets, en livrant un délicat double portrait, à la fois tendre et cruel, de grand pères ayant longtemps caché leurs penchants.
Sans cacher quoi que ce soit de la sexualité des protagonistes (on a droit à leurs visions différentes de la chose, lors d’une scène de sauna plutôt frontale), le scénario s’attache surtout à montrer la nécessité de l’entraide entre personnes âgées et la persistance d’un certain militantisme. En se focalisant sur les moments qui font le quotidien, il met en évidence différentes sortes d’arrangement, avec les codes sociaux (le mariage d’un côté, l’impossibilité de faire face au jugement de son fils de l’autre...) et avec l’âge (le refus de prendre sa retraite d’un côté, le refuge dans la religion de l’autre). Ce film délicat, abordant aussi intelligemment la question de la transmission, est donc une jolie découverte.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur