LOS CONDUCTOS
Entre documentaire et fiction, un premier film difficilement accessible
Pinky sort de la jungle et vole une moto. Seul, il prend un peu de drogue et écoute de la musique, à fond, avec son casque…
Sélectionné dans la nouvelle section expérimentale du Festival de Berlin (Encounters), "Los conductos" est un film colombo-brésilien, formellement immersif, nous proposant d’accompagner un ancien membre de gangs (ou guérilleros) désormais sorti des bandes armées. Face camera il l’indique d’ailleurs au bout de quelques scènes : autrefois, il faisait partie des « élus », de ceux qui pensaient pouvoir disposer du monde, qu’il s’agisse des gens ou des choses. Détaillant le fonctionnement de ces groupes et la figure du « père », qui sert de guide, il expliquera plus tard, pourquoi il ne mérite pas de vivre, tout en relativisant ses crimes.
Jouant sur la suggestion (une bonne partie du film se déroule dans la pénombre) grâce à un affichage minimaliste à l’écran (un phare de moto...) et un énorme travail sur le son et les bruits environnants, "Los conductos" déroute plus qu’il ne fascine, offrant cependant quelques transitions symboliques marquantes, tout en jouant avec les figures du diable ou des flammes (ici imprimées sur du tissu...). Prix du meilleur premier film a la Berlinale, le témoignage qu’il constitue reste cependant intéressant en tant que trajectoire individuelle.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur