MONSIEUR DELIGNY, VAGABOND EFFICACE
Un parcours édifiant
La vie de Fernand Deligny, éducateur célèbre, depuis ses débuts en tant qu’instituteur dans un hôpital psychiatrique en 1938, jusqu’à la création à la fin des années 60, d’un réseau de lieux de vie protégés pour enfants autistes, au cœur des Cévennes, et son usage de la caméra comme outil d’animation et de communication…
Sortie en E-Cinema (VOD) le 25 mars 2020
du fait du confinement imposé par l’épidémie de Coronavirus
Avec ce documentaire, Richard Copans, qui a rencontré Deligny en 1974, dans son réseau de lieux de vie pour enfants autistes mutiques, réussit un portrait éclairé, mêlant éducation et cinéma comme outil pédagogique. S’ouvrant sur une longue scène de petit déjeuner, posant le silence comme règle d’or en ces lieux où la moindre parole peut être une agression, source de déstabilisation, pour les enfants autistes, le film prend ensuite une forme plus classique et moins immersive, mêlant images d’archives, photos, et correspondances.
Darroussin prête sa voix à Deligny, aussi bien dans l’interprétation de ses lettres, des enregistrements ou interviews radio, ou de certains de ses écrits. La description de l’évolution « théorique » de l’homme, est des plus claires. Evoquant le parallèle fait entre hôpital psychiatrique et prison (en 1938, l’Asile où il travaillait regroupait 1200 malades, pour seulement 1 psychiatre, aucun infirmier et uniquement des gardiens), abordant son ouvrage ironique « Graine de crapule », c’est aux multiples dénominations injustes envers les enfants et adolescents à problèmes, que l’homme s’attaque.
Mis en avant à plusieurs reprises, ces « anormal », « débile profond », « délinquant », caractériel », attardés », « déficients », et bien d’autres, résonnent encore dans les oreilles des spectateurs à la sortie du film. Montrant également comme l’usage de la caméra, peut devenir un processus pédagogique et socialisant, la seconde partie du film devient également un document cinéphile, évoquant la correspondance avec Truffaut, appui de poids dans ses démarches, et les films « Le moindre geste » sélectionné à la Semaine de la critique de Cannes, et « Ce gamin là », sorti au Saint André, qui permettront, comme certaines de ses techniques (le tracé de la ligne d’erre) de mieux comprendre le fonctionnement des autistes. Entre pédagogie et cinéma, un documentaire qui bat en brèche de nombreux a priori.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
MONSIEUR DELIGNY, VAGABOND EFFICACE un film de Richard Copans – Bande annonce from Shellac films on Vimeo.