JÉSUS
A la fois court et très long
Yura et ses parents quittent Tokyo pour s’installer à la campagne, chez la grand-mère. Yura arrive dans une nouvelle école, une école catholique. Assez isolé, il se retrouve confronté à des rites qu’il ne connaît pas. Lors d’une séance de prière, un petit Jésus apparaît et va accomplir les désirs de Yura…
Ce film est un drame à hauteur d’enfant, mais pour autant, ce n’est pas un film où l’on peut emmener un enfant de l’âge du protagoniste, car il y a notamment une scène assez violente. Pourtant, certains éléments, comme l’apparition d’une Jésus miniature à chaque fois qu’un enfant prie, à de quoi faire sourire. Mais cet élément, l’invasion du fantastique dans un quotidien somme toute très monotone, met du temps à arriver et est utilisé de manière très modérée. Yura ne demande rien de plus que d’avoir un ami, de l’argent et voir une pluie de météorites. Il n’y a pas d’extravagance et pas vraiment de recherche autour de cette idée.
Hiroshi Okuyama signe ici son premier long métrage. Il y filme des enfants dans une école et l’intérieur d’une maison traditionnelle. Il n’hésite pas à étirer les plans et à placer la caméra très bas, mais l’influence d’Ozu s’arrête là et n’est pas constante à travers le film. Or c’est justement dans leur constitution en tant que langage et unique mode de transmission de l’histoire que les plans d’Ozu fonctionnent. Leur côté zen caractérise un espace de narration où les trajectoires de chacun vont se rencontrer. Et ce n’est pas le cas ici. Outre le dernier plan, la forme et le fond ne s’interpénètrent pas, et la succession de plans fixes, sans grande personnalité, à part un étrange plan débullé et renversé, n’apporte pas grand-chose à l’histoire.
Une œuvre dont on peut donc se dispenser et un réalisateur dont on espère des prochains films plus inspirés.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur