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DARK WATERS

Un film de Todd Haynes

Michael Brockovich

Avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques, Robert Bilott découvre, suite à sa rencontre avec un paysan voisin de sa grand-mère, que les eaux de la campagne sont empoisonnées par les actions polluantes du groupe DuPont, premier employeur de la région. Mais en décidant de jouer les lanceurs d’alerte, il va se mettre lui-même en danger…

Dark Waters film image

C’est un classique inaltérable du cinéma américain, et il continue d’inonder les écrans à intervalles réguliers : le film d’indigné contestataire. Rien de péjoratif là-dedans, puisque les grands films en la matière ne se comptent clairement pas sur les doigts d’une main. Reste qu’aujourd’hui, la figure du lanceur d’alerte se fait un chouïa systématique, surtout pour des résultats qui alternent entre l’audace ("Révélations" de Michael Mann, "Pentagon Papers" de Steven Spielberg, "Michael Clayton" de Tony Gilroy) et le consensuel ("Erin Brockovich" de Steven Soderbergh, "Promised Land" de Gus Van Sant, "Spotlight" de Tom McCarthy). S’il se situe plutôt dans la bonne moyenne, l’apport de Todd Haynes au genre n’en reste pas moins un melting-pot de tout ce que l’on a déjà vu en la matière : un individu lancé dans la révélation d’un scandale d’eau contaminée (comme l’était Julia Roberts chez Soderbergh) et amené à se rebeller contre ses propres employeurs (comme le faisait George Clooney chez Gilroy), le tout sur fond d’intimidations diverses et de paranoïa active en mode Pollack ou Pakula (voir la scène du parking souterrain, avec ses inquiétantes silhouettes immobiles).

Les inconditionnels du thriller parano – dont l’auteur de ces lignes fait partie – se sentiront donc à l’aise dans leurs pantoufles, tandis que les chercheurs d’audace et de nouveauté cilleront de l’œil tous les quarts d’heure. Bavard, le film l’est assez à force de construire sa narration sur une suite constante de discussions de bureau et d’affrontements feutrés en réunion, mais le scénario évite heureusement d’en faire des caisses dans l’illustration didactique – c’est le suspense qui prime ici. Quant à Mark Ruffalo, ici dans la peau d’un personnage convaincu qui doit convaincre, il reste fidèle à sa stature d’acteur pro qui n’en fait jamais trop. Là où Todd Haynes gagne en revanche de précieux points, c’est sur l’installation d’une atmosphère pesante, glaciale, accentuée par quelques choix de photo désaturée et les teintes hivernales de la campagne de Virginie-Occidentale. Peut-être qu’en accentuant encore cet effet d’angoisse, quitte à lorgner sur les caractéristiques du film d’horreur (angle intéressant et inédit pour le genre), le cinéaste aurait donné plus de singularité à son film. En l’état, il se contente d’honorer un genre par le biais d’un essai sécurisé, certes sans prise de risque, mais pas sans habileté pour autant.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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