PINOCCHIO
Une version austère du conte, entre pauvreté glaçante et monstruosité des éléments fantastiques
Sans le sou, Gepetto, ébéniste, décide de créer le plus beau des pantins. Mais à sa grande surprise, la bûche qu’il vient de sculpter avec amour, prend vie…
Diffusion à partir du 4 mai 2020 sur Amazon Prime
L’auteur de films sociaux et violents tels que "Gomorra" et "Dogman", n’en est pas à sa première incursion dans le domaine du conte. Il avait en effet livré en 2015, le formidable "Tale of Tales", regroupant trois contes aux aspects moraux indéniables, avec une approche visuelle alliant merveilleux et lugubre. Le voici qui s’attaque donc à une nouvelle adaptation de Pinocchio, d’après le conte de Carlo Collodi, qui se focalise à la fois sur l’insouciance et l’irresponsabilité de l’enfance, et sur la misère ambiante, expliquant en partie les agissements de nombreux personnages.
L’une des premières scènes est d’ailleurs saisissante de ce point de vue. Gepetto, ébéniste désormais sans le sou (ni matière première) taille d’abord l’intérieur de ce qui est en fait un fromage, espérant en récupérer les maigres miettes, puis se rendant à l’auberge, tente maladroitement de convaincre le patron qu’il faudrait réparer une table, puis une porte... avant de se faire inviter à dîner, histoire qu’il cesse de se ridiculiser. Benigni, qui autrefois avait maladroitement interprété "Pinocchio" lui-même dans son propre film, maîtrise ici des élans, apportant une gêne derrière le comique.
La suite de l’intrigue, si beaucoup pensent la connaître, met ici en valeur l’austérité des villages de pierre, comme des personnes croisées, usant de maquillage discret (quelques moustaches évoquant le renard...) pour les deux escrocs, ou plus élaboré pour donner aux créatures (le criquet qui sert de conscience, le thon croisé et aidé...) afin de nous ballotter au fil de ses questionnement moraux sur l’honnêteté, la franchise, le travail et le respect. On ressort de l’ensemble moins émerveillé qu’escompté, mais avec tout de même quelques images marquantes en tête, et un soupçon de souvenirs d’enfance plus ou moins honteux.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur