WET SEASON
Un touchant portrait de femme
Ling est professeure de chinois dans un lycée de garçons de Singapour. Alors que la mousson s’annonce, elle continue d’essayer d’avoir un enfant, par insémination artificielle, esquissant un espoir de sortie de sa routine. En attendant, elle s’occupe de son beau père impotent et supporte mal les absences répétées de son mari. Jusqu’à ce qu’un de ses élèves, ressentant son mal-être, commence à s’intéresser à elle…
"Wet Season", comme son titre l’indique, se déroule durant la saison des pluies, à Singapour. Sorte de parabole de l’état mental de son héroïne, une femme délaissée par son mari, qui tente encore d’avoir un enfant (alors que son mari semble avoir abandonné), et se prend de curiosité pour un élève qui s’intéresse à elle, ce ciel déchaîné aligne les orages et autres tempêtes qui viennent ponctuer chaque sortie de cette femme accablée.
Il se dégage du récit un délicat équilibre entre les menaces qui pèsent sur cette femme ou ses proches, d’un mari fantomatique la tenant à l’écart à des voisines ou collègues médisantes, en passant par une télé ou radio qui distillent des informations faisant état d’émeutes en Malaisie, et une bienveillance latente, de la complicité mutique du vieillard, à l’attirance saine et salvatrice de l’adolescent, en passant par une voiture qui fait office de lieux neutre, sorte de refuge dans un quotidien en permanence tourmenté.
Doucement, le metteur en scène souligne le déséquilibre de son personnage, usé de devoir cacher son désespoir grandissant. Dans le décors apparaissent ainsi quelques détails, d’un « Souriez » inscrit sur une vitre à un geste d’agacement, en voiture, face à une figure de chien à la tête dodelinante. Au final "Wet Season", nouveau film du réalisateur de "Ilo Ilo", est une œuvre pleine de tendresse et de compassion, accompagnant son personnage vers une issue où le ciel pourrait bien finir par s’éclaircir, mais peut-être pas de la manière attendue.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur