NOTRE-DAME DU NIL
La petite histoire avant la grande
Notre-Dame du Nil est le plus prestigieux collège de jeunes filles du Rwanda. En 1973 s’y retrouvent donc les enfants de l’élite de la société Utu, majoritaire, et 10 % de Tutsi, un quota qui va en particulier déplaire à une élève…
"Notre-Dame du Nil" est un film annonciateur, un film prophétique, qui relève un fait divers et y voit les annonces du massacre qui va être perpétré contre la population Tutsi au cours de l’année 94. Le film tend à montrer les graines du racisme et d’une haine qui existent au sein d’une population divisée, dans toutes ses strates, y compris dans la jeunesse. Par le biais des jeunes filles et de leurs querelles enfantines qui prennent des proportions nationales, le film questionne également le pouvoir de l’action individuelle et les conséquences absolument dramatiques de ce qui n’est au départ, qu’un mensonge et des croyances d’enfants qui font presque sourire.
Pour les férus d’Histoire et de géopolitique, le film donne une piste à explorer et se veut même didactique : les Tutsis descendent-ils vraiment, comme l’annonce le « blanc fou », Monsieur Fontenaille, des pharaons noirs ? Seraient-ils les derniers descendants d’une ancienne noblesse aujourd’hui quasiment disparue ?
L’autre force de "Notre-Dame du Nil" est sans conteste sa photo : la gestion de la lumière est magnifique, les cadrages sont souvent très réussis et le travail sur la nature, les paysages de collines très pentues recouvertes d’une dense forêt, est absolument magnifique. Mais toutes ces qualités s’effondrent devant la pauvreté du jeu et la maladresse de l’écriture, tant au niveau des dialogues que des personnages.
Ce sont des jeunes filles qui ne parlent pas, mais qui récitent et sans aucune intention de jeu. Sans motivation, elles semblent ne représenter que des types, nécessaires à l’élaboration de ce grand témoignage qu’est le film. Dommage donc, car au final tout s’effondre : le château de cartes était trop fragile.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur