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LA BEAUTÉ DES CHOSES

Un film de Bo Widerberg

Cet obscur objet du désir

À 14 ans, les filles et les garçons sont pris de pulsions, des pulsions sexuelles, qui les guident vers l’autre de manière incompréhensible. Ils deviennent autres, différents, inconnaissables, désirables. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Stig, le Stockholmois, rencontre Viola, sa nouvelle professeur…

La beauté des choses film image

Dans ce film inédit en salles, tourné au milieu des années 90, Bo Widerberg dresse un portrait doux et aimant de l'âge ingrat de l'adolescence. Cet âge des premiers petits boulots, des premiers flirts, des premiers désirs. Cet âge où les garçons et les filles, jusqu'ici unis, se retrouvent séparés par un obscur objet à la fois chimique et social, qui affecte leur psyché et leur action : la puberté.

Bo Widerberg travaille directement le fantasme masculin adolescent, celui lié à la professeur, et il le pousse très loin, si loin, jusqu'à la réalisation et à l'accomplissement, l'épuisement même. Ainsi, le personnage de Stig, libéré du sorte de bas instinct adolescent, semble être le seul capable d'ouvrir les yeux sur la situation. Mais Stig n'est pas que l'amant d'une femme qui a atteint un certain âge et qui ne se sent exister qu'à travers le désir de son très jeune amant. Stig est aussi un fils et un élève.

Un fils d'une part, le plus jeune d'une famille modeste dont le plus grand est militaire. Un grand frère un peu modèle pour un esprit adolescent encore joliment puéril. Un grand frère qui couche facilement, qui sait se battre et qui veut devenir sous-marinier. Un élève aussi, bien intégré à sa classe, ce qui permet à Bo Wideberg de faire de très belles scènes de groupe. L'école et le groupe sont en effet ici un personnage à part entière, une sorte de théâtre qui vient accueillir en son sein ses relations adolescentes, un monde avec ses codes, son organisation, ses espaces.

Sans aucun jugement, avec un amour et une grande pudeur, Bo Widerberg ose tout. Il travaille le désir adolescent sans jamais s’en départir ou prendre de la distance. Ce film a également le mérite de ne pas passer sous silence, avec le personnage de Lisbeth, la pulsion féminine. Ainsi donc, "La beauté des choses" est un film plein de douceur et de beauté. C'est une lettre d'amour à l'enfance et au temps où la sexualité est encore un idéal, un absolu et non une arme et un rapport de force.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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