MEMORY – THE ORIGINS OF ALIEN
Un vrai problème de cible
On ne présente plus le chef d’œuvre de science-fiction horrifique sur le tournage duquel des artistes aussi fameux que Dan O’Bannon, H. R. Giger et Ridley Scott se sont côtoyés pour donner naissance à un pilier du genre. Aujourd’hui, « Alien » a 40 ans, et c’est l’occasion pour le documentariste du cinéma Alexandre O. Philippe (« People vs. George Lucas« , « 78/52« ) de décortiquer la genèse de ce projet et de remettre sa fabrication dans son contexte…
Le plan de "Memory - The Orgins of Alien" est assez simple car il est chronologique. Alexandre O. Philippe s’attarde d’abord sur la carrière du méconnu Dan O’Bannon et ce qu’a représenté ce projet pour lui. Un projet qu’il a porté de bout en bout et auquel il a su apporter, en plus d’une histoire originale, un sens visuel unique. Puis c’est le travail de H. R. Giger sur le projet qui est présenté, ainsi qu’une sorte de petite biographie de l’artiste. Enfin, c’est à Ridley Scott et à son travail aux Studio Pinewood, de la mise en chantier du film à sa réalisation, que se consacre le dernier tiers du film. C’est l’occasion de découvrir le découpage, mais aussi le making of de la scène du chestbuster.
Le film a également une portée plus analytique qui tente de comprendre la place d’ "Alien" dans le contexte de production de l’époque et son effet dans le contexte socio-culturel à sa sortie, en 1979. Alexandre O. Philippe, dans la partie sur Giger, travaille sur l’influence de Bacon par exemple pour la représentation de la créature. Il propose également une analyse de la forme de l’Alien et du choc qu’il a provoqué en raison de son statut d’incarnation de tous les mythes rassemblés en une créature surpuissante, aux attributs sexuels extrêmement marqués et aux horizons de viols et de domination masculine qu’il représente dans son mode de reproduction.
Il propose également une autre piste analytique pour expliquer le succès d’Alien et la résonance qu’il a eu avec son époque, celle de la structure sociale qui existe au sein du film, devant et derrière la caméra, avec deux personnages de working man. Mais pourtant, dans ce film, le spectateur peut facilement être perdu, avec toutes les scènes à Delphe qui représentent les trois femmes du Destin, ou des Harpies, difficile de le savoir, et aussi un montage alterné pas des plus évidents.
Finalement, ce film, qui semble s’adresser tant aux passionnés d’ "Alien " qu’aux néophytes, manque les deux cibles. Les premiers, parce que le niveau d’analyse est trop poussé et que celle-ci manque de didactisme. Et les seconds car le film se présente essentiellement comme une redite de "Jodorowsky’s Dune", projet auquel "Alien" doit beaucoup.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur