LES SIFFLEURS
Une comédie policière roumaine, savamment construite
Cristi, policier roumain, débarque aux Canaries, sur l’île de la Gomera. Sous pression d’un groupe mafieux, il doit apprendre une langue sifflée locale, avant de pouvoir retourner sur le continent…
Le film roumain "Les siffleurs", découvert en compétition au dernier Festival de Cannes, dispose d’une intrigue déroutante, navigant entre l'île des Canaries La Gomera et Bucarest. Comédie policière savamment construite, ce nouveau film de Corneliu Porumboiu ("12h08 à l’est de Bucarest", "Le Trésor") est chapitré par personnage (Gilda, la fausse amante, Zsolt, un prêtre orthodoxe, Munci, Magda, la cheffe de la police...), avec pour terminer le principal, un policier corrompu dénommé Cristi. Son scénario mélange de manière intrigante quelques flashs-back explicatifs, permettant de mieux cerner les personnages, à un récit principal centré sur la recherche de 30 millions d’euros cachés.
Point de départ de cette histoire, l'apprentissage d'un langage sifflé, rapidement tourné en ridicule, n'aura de véritable utilité que sur la fin du métrage, toujours de manière inattendue. Au fil de l’intrigue, ce sont alors de multiples trahisons qui vont être dévoilées, formant un véritable sac de nœuds, aux personnages barrés ou étranges (le prêtre qui frappe « en croix », le vieux sans dents…), pas toujours très utiles (la Mama…). Mais son humour de fond, légèrement noir et des plus réjouissants, ainsi que les références cinématographiques ("Reservoir Dogs", "Psychose"), en font un réel plaisir de cinéma.
En réalité, le film a avant tout une énorme qualité, dans sa capacité à surprendre en permanence, jusque dans ses derniers instants, de par l’utilisation des lieux (une usine de matelas, une île semblant hors du monde…) comme des facettes multiples de ses personnages. Au final, "Les siffleurs" séduit par son ton décalé comme par une indéniable maîtrise du découpage, maintenant un certain suspense jusque dans ses dernières minutes. A découvrir, ne serait-ce que pour son originalité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur