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GHOST TROPIC

Un film de Bas Devos

Une nuit à part

Khadija, 58 ans, femme de ménage, s’endort dans le métro de Bruxelles après sa journée de travail. Elle se réveille au terminus, et, poursuivant son chemin à pied, va faire la rencontre d’un gardien de centre commercial…

Ghost Tropic film image

Après une longue séquence dans les transports en commun, le film semble enfin commencer, avec l’errance de son personnage. Au cours d’une nuit où sa bienveillance croisera les destins de personnes très différentes (un gardien de centre commerciale, un SDF, un squatteur, un voisin peu avenant, une employée de station service…) c’est l’instantanée d’une banlieue qui nous est livré avec un certain tact et même un brin de poésie. Seuls quelques éléments sur cette femme nous seront révélés au fil du récit, dévoilant sa condition économique (alors qu’elle tente de retirer de l’argent), ou maritale (alors qu’elle discute en tant que passagère d’un véhicule…).

Les adeptes de récits complexes passeront leur chemin. Ceux qui aiment à se laisser aller à la lenteur et souhaite découvrir une ambiance pourront tenter leur chance. Ghost Tropic est en effet construit à la manière d’un rêve, s’ouvrant et se refermant sur un intérieur quelconque, deux trajets formant une parenthèse autour d’une nuit à part. Des trajets accompagnés de différents sons, de silences et de bruits d’oiseaux, marquant l’endormissement du personnage principal.

Cette héroïne dont l’empathie et la générosité nous est soudain révélée, elle qui semble coincée ici, dans cette nuit comme dans cette ville. La mise en scène de Bas Devos la positionne d’ailleurs armi dans ses premiers plans, regardant une publicité de voyagiste, qui lui affiche en pleine face un violent « Get Lost » (expression potentiellement à double sens, signifiant « perdez-vous » ou « allez vous faire foutre »), comme pour lui signifier ce à quoi elle n’aura jamais droit : les eaux turquoises d’une île paradisiaque. Symbole d’une condition sociale dont elle semble consciente, mais qui finit par faire sa force face à ceux qui sont moins compréhensifs qu’elle. Un beau portrait, réaliste et touchant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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