LAST CHRISTMAS
Y croire ou pas
Déguisée en lutin, Kate est vendeuse dans une boutique de décorations de Noël tenu par une chinoise un peu stricte. Mais Kate voudrait surtout être chanteuse, passant inlassablement mais sans succès diverses auditions. Temporairement sans logement, elle veut à tout prix éviter de retourner chez ses parents, immigrés croates qui ne s’entendent plus vraiment entre eux. Un jour de loose comme les autres, elle fait la connaissance de Tom, un jeune homme d’origine asiatique, qui observe un rapace perché au dessus de la boutique, en pleine ville…
Avec les comédies romantiques de Noël, c’est un peu quitte ou double, qu’elles viennent du Royaume Uni ou des USA. Cela a donné aussi bien le meilleur ("Love actually", "Un jour sans fin", "Pour un garçon") que le plus laborieux ("The Holiday", "Family Man","Il était temps"). Le prétexte à cette nouvelle comédie anglaise, qui lorgne fortement sur "Love actually", était d’utiliser les chansons de George Michael comme leitmotiv, argument vendeur ou non, selon que l’on apprécie ou pas les vocalises du chanteur de Wham. Mais hormis le titre du film, issu d’une des chansons, que l’on retrouve sous plusieurs formes dans le film, il faut bien avouer que la présence de celles-ci, sous forme musicale pour certaine, reste dosée avec parcimonie, le lien étant finalement à chercher ailleurs.
Car pour ceux qui tiendront jusqu’au bout, il y a bien une formidable idée à la base du scénario, qui lors de sa (tardive révélation) provoque une lame de fond niveau émotion, assez irrésistible. Malheureusement, si la romance finit par fonctionner plutôt bien, le début du film est noyé dans une série de dialogues où se mêlent cynisme, plaisanteries plus ou moins fines, vannes à répétition et réparties souvent trop écrites. Et c’est quand le personnage de Kate (Emilia Clarke, qu’on confondrait presque avec Imogen Poots tant son jeu est proche…) commence à se stabiliser un peu, que le charme opère enfin.
Se centrant alors sur la romance probable entre l’intrigant Tom et la belle égoïste Kate, le récit en oublie progressivement certains personnages du départ. Les catastrophes récurrentes provoquées par l’héroïne restent ainsi très ponctuelles. Quant au fantasque jeu de séduction entre la patronne (Michelle Yeoh, joliment pincée) et un mystérieux client aux yeux écarquillé nous laisse notamment sur notre faim. Voulant traiter en fond de sujets multiples (générosité, racisme, orientation sexuelle, immigration, matérialisme, différences de richesse...), le scénario s’éparpille peu à peu, avant de revenir soudain sur ce qui aurait dû emplir le tout d’une certaine magie. Celle-ci apparaît malheureusement assez fade tout au long du film, les moments d’intimité entre Kate et Tom fleurant le déjà vu. Ils offrent cependant une vue idyllique de Londres, propre à faire un peu rêver en ces périodes de fêtes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur