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LES VÉTOS

Un film de Julie Manoukian

Démagogie quand tu nous tiens

Michel est un des derniers vétérinaire installés au cœur du Morvan avec son associé Nico. Souhaitant prendre sa retraite, il fait venir sur la base d’un mensonge, sa nièce Alexandra, diplômée depuis 24 heures, supposée prendre la relève. Se barrant en douce à Papeete, en Polynésie, il la laisse se débrouiller avec son confrère. Mais celle-ci n’est pas du tout d’accord pour rester…

Les vétos film image

Voici donc encore un film qui fait l’apologie du rural en dénigrant l’urbain, sans aucune nuance, en jouant la carte de la culpabilisation, et sans jamais sortir d’une focale résolument tournée, certes vers l’humain, mais surtout vers un rapport à la nature (et ici aux animaux) et au « vrai » idéalisé. Après le navrant "Normandie Nue", loin de la finesse de "Petit Paysan", le scénario de Julie Manoukian aligne les personnages manichéens, les intentions trop lisibles, et les dialogues explicites. Si ces derniers prennent un peu plus de distance dans la bouche de Clovis Cornillac, la démagogie est lisible en quasi permanence, tentant de culpabiliser l’urbain au profit d’une relecture artificielle du rural, nécessairement humain, bénéfique et vrai.

Et cela se ressent dans les situations (ah, la naissance du veau, vécue comme une révélation !), la mise en scène (le filmage pathétique de la réanimation du chien, avec des mouvements de caméra inutilement erratiques et saccadés) comme dans les dialogues (Cornillac qui affiche toute sa liste d’intentions louables, comme s’il faisait un discours politique : « ne pas facturer trop cher », « sauver son cabinet »…). Si l’on ne niera nullement l’isolement, la désertification de zones rurales en terme de services, la notion de « vocation » est ici érigée en dangereux principe de manière peu fine (Nico se laisse envahir et sacrifie sa famille) et l’ennemi une nouvelle fois bêtement désigné : l’urbain et les dirigeants (voir l’insupportable personnage du maire...).

Côté interprètes, Cornillac donne dans le service minimum, Noémie Schmidt n’est pas des plus convaincantes en personnage sans nuance, oscillant entre moue désagréable, maladresse et paroles blessantes. Et c’est finalement Carole Franck, en assistante, qui tire son épingle du jeu, en fine observatrice, plus humaine que tous les autres réunis. Heureusement, le film possède tout de même quelques touches d’humour, au cœur de son avalanche de poncifs, ceci grâce notamment à la petite gamine désireuse d’être stagiaire à tout prix (formidable Juliane Lepoureau), bien plus qu’aux fourberies déployées pour garder la jeune véto sur place (revoyez plutôt pour cela "La grande séduction"). Mais les invraisemblances (la naïve réconciliation autour du baby-foot, le faux suspense autour de la cliente qui n’a pas deviné ce qui empoisonne son animal alors qu’elle passe son temps sur les sites et forums internet…) auront finalement raison des plus patients.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

Alain

mercredi 22 janvier - 8h57

Bien sur... c'est, par bien des coté , l'apologie du monde rural. Mais il me semble fondamental de dire, au risque de se répéter, qu'il n'y a pas de pays sans paysans. On peut certes manger de la viande lavée a l'eau de Javel, se bourrer de Chocapi... ou même devenir végétarien, mais si nous voulons conserver un pays digne de ce nom, nous avons besoin d'une manière fondamentale d'acteurs du monde rural, de paysans, d'éleveurs, et donc... de vétérinaires ! Et ne parlons pas des écoles, des postes, des hôpitaux, des médecins et des maternités...

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