LES INCOGNITOS
Pigeon : (not) impossible
Enfant déjà, Walter Beckett s’appliquait à inventer toutes sortes de gadgets étranges, qui faisaient la curiosité et l’agacement de sa mère. Devenu adulte, sa mère disparue, le voici au service des agents secrets les plus renommés, dont le fameux Lance Sterling, élégant, cool, séducteur et hyper doué pour l’action. Mais ses inventions ont un peu de mal à passer, dénotant par rapport à une culture de baston clairement ancrée. Mais le jour où Sterling est accusé de trahison, Walter le transforme malencontreusement en pigeon, histoire qu’il passe incognito. Ils vont alors devoir faire équipe…
"Les incognitos" est le dernier nés du studio d’animation Blue Sky, racheté courant 2019 par Disney à la Fox, auquel on doit la sagas "L'âge de glace" et "Rio", ou encore "Horton". Inspiré de "Pigeon : Impossible" de Martel Animation, dans lequel Water Becket était alors un agent secret, confronté à un pigeon maladroit, découvrant toutes sortes de commandes dans une malette, le tout tournant à l'affrontement pour de la nourriture, le scénario s'amuse des codes du film d'espionnage. Du générique à la James Bond dans un stylisé mélange de rouge et bleu sur fond noir, aux gadgets improbables (le lanceur de paillettes formant des images de chattons, histoire d'amadouer les ennemis, le stylo aux multiples pouvoirs...), en passant par un méchant à la main mécanique et au visage d'acier, les références sont nombreuses.
Jouant sur l’émotion, avec une opposition claire entre un jeune geek cherchant à faire le moins de dégâts possibles, et un agent adepte de l’attaque « sans pitié », le film aligne cependant de nombreuses scènes d’actions proche du jeu vidéo, plongeant le spectateur au cœur des combats. Usant de la stupidité apparente des « rats avec des ailes » et du dégoût des humains pour ces bestioles, le film tourne en dérision l’attitude hautaine de l’espion, en le réduisant à un animal aux bas instincts. En cela, "Les incognitos" apparaîtrait presque comme un film féministe qui s’amuse à railler la façon dont le mâle dominateur et sûr de lui fait ses besoins élémentaires « par le même orifice », mange n’importe quoi à même le sol, n’a finalement aucune force, ou finit par… pondre un œuf.
L’humour fonctionne donc à bloc, alors que le scénario décline toutes les phases du typique film d’espionnage, où la vengeance sert de moteur à une tentative d’annihilation du monde. Mêlé à des scènes épiques, de poursuite en voiture, de vol dans les rues d’un Venise savamment reconstitué, de trip en sous-marin jusqu’à une île secrète, il doit aussi beaucoup à l’introduction de trois personnages croustillants, certes sans aucune profondeur, mais aux attitudes imprévisibles menant tantôt au chaos, tantôt à des gestes dotés de sens. Il s’agit de trois autres pigeons, une femelle amoureuse, un grand gaillard idiot, un autre famélique avec un bonbon collé sur la tête. Surprenants, il viennent sympathiquement gripper une histoire un rien rebattue, où individualisme et esprit d’entraide se font face en quasi permanence, sans parvenir, un temps, à se comprendre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
ceciloule
mercredi 22 janvier - 8h56
C'est en effet un dessin animé plein d'humour qui vacille entre hommage et tendre parodie des films d'espionnage. Cet équilibre téméraire entre sarcasme et dédicace le rendent unique, sorte de genre hybride mêlant 007 aux totally spies et à un brin d'onirisme... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/01/04/des-zarbis-en-costume-a-plumes-les-incognitos-nick-bruno-et-troy-quane/)