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RENDRE LA JUSTICE

Un film de Robert Salis

Chacun est un justiciable potentiel

Robert Salis va à la rencontre des gens qui font la justice en France et à Paris. Pendant deux heures et dans différents lieux de justice de France, des magistrats s’adressent à sa caméra et expliquent leurs métiers et leurs vies, leurs difficultés et leurs réalités, leur buts et le sens de ce qu’ils font…

Rendre la justice film documentaire image

Robert Salis pose sa caméra devant celles et ceux qui rendent la justice et les écoute parler de leur travail, de leur méthode, de leur formation et de leur objectif. Il les écoute être honnêtes et sans langue de bois. Il les écoute revenir sur leur journée, sur le fait que oui, effectivement, au bout d'un moment, ils sont fatigués et ils écoutent et jugent moins bien. C'est un fait, et ils en ont honte. Honte d'avoir rendu un jugement dans ces conditions.

Ces témoignages, parmi tant d'autres, montre la volonté des magistrats de parler à battons rompus, de faire connaître leur quotidien face à une image trop répandue dans l'opinion public d'une justice opaque et déshumanisée à laquelle on a peur d'être confronté. Ils expliquent que le cérémonial est nécessaire, car il fait sens, que la personnalisation de la justice est un danger. Tout en reconnaissant que oui, par cette nécessaire mise à distance, la justice est effectivement une sorte de presse hydraulique qui vient s'abattre sur la dentelle des vies individuelles, des drames humains que vivent les justiciables, et qu'il vaut mieux s'en tenir éloigné car « un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès ».

Outre les gens, Robert Salis s'intéresse aussi aux lieux et aux symboles. Des salles d’audiences aux couloirs sans fin où résonnent constamment des pas, des statuts et des peintures donnent à la justice un décorum unique chargé de symbolique. Le film s'intéresse également à l'évolution de ce décorum et au changement de perception de la justice qu'il implique  non plus une « institution menaçante, mais un service public ».

Les justiciables, le peuple, ne sont jamais directement filmés. Seuls ceux qui ont le pouvoir de rendre la justice apparaissent à l'écran, ceux qui ont la lourde tâche de juger leurs égaux, mais qui ne jugent jamais des hommes, mais biens des comportements. À noter un passage très instructif sur le devoir de juré auquel peut être confronté tout citoyen.

En off en ouverture, puis de manière explicite à la fin, la voix de Jean Cocteau se fait entendre, puis celle de Maria Casarès et de Jean Perrier, dans le "Testament d'Orphée". Le poète, l'homme de la création est condamné à vivre, par des gens, eux-mêmes condamnés à la pire peine, celle de juger les autres. « La Justice, c'est une valeur, mais c'est aussi une institution, et c'est bien là le problème ».

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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