L'AUDITION
Femme au bord de la crise de nerfs
Anna Bronsky est violoniste et professeur au conservatoire. Contre l’avis de ses collègues, elle prend sous son aile le jeune Alexander, qui ressemble étrangement à son fils, Jonas. Une rivalité naît entre le fils, frustré de ne pas pouvoir intéresser sa mère et se sentant aliéné par son exigence, et Alexander avec qui elle est douce et auquel elle fait faire de grands progrès. Cette différence d’attitude se produit également avec les deux hommes de sa vie, son mari luthier, Philippe Bronsky, et son amant, professeur de violoncelle, Jens…
"L'audition" est un film opaque. Opaque, car son personnage principal n'est jamais accessible au spectateur. Celui-ci n'a jamais accès à son intériorité. Elle évolue de manière incompréhensible. Elle est stricte, certes, elle est extrêmement nerveuse certes, elle a parfois des toques, certes, mais son personnage peine à exister au-delà de cela. La réalisatrice et l'histoire ne donnent rien de plus au spectateur que cette grande femme froide qui ne sait absolument pas quoi faire de sa vie et dont l'objectif dans le film - faire passer l'audition à Alexander - , est un motif bien vague d'action. Entre ce point A et ce point B elle ère, sans trop de justification.
Il en va de même pour tous les personnages, comme si aucun d'entre eux n'avait de motif d'action clair. Philippe, le mari d'Anna, semble dans un premier temps l'aimer avec tendresse, puis il est très froid et distant, ennuyé par la vie monotone que lui propose sa femme. Jonas, le fils d'Anna, est un enfant qui aime le hockey et que sa mère force à faire du violon. Il ne veut jamais jouer devant elle. Mais pourtant, quand elle lui donne la possibilité d'arrêter, il continue. À ces deux membres de la famille d'Anna, viennent s'ajouter deux autres hommes. Jens est l'amant d'Anna, professeur de violoncelle célibataire et charmeur, un homme tranquille et apaisé. Leur relation semble impossible, incohérente, illogique. Puis il y a Alexander, sensé être l'autre personnage du film, celui qui lance l'action. C'est un jeune homme un peu maladroit qui a des ressemblances avec Jonas. Si elle est d'abord très agréable et encourageante, Anna se montre vite dure, très dure avec lui.
Ce film manque fondamentalement de consistance et de relief. Il n'est pas aidé par une photo très froide et sans aucun relief. Mais le gros défaut du film est sa bande son. Outre un mixage douteux qui fait la part belle à des bruitages et des ambiances pas toujours réussis, les voix ne sont pas toujours d'une grande limpidité et elles sont parfois halées d'un écho étrange. Tout cela pourrait passer inaperçu si ce n'était pas un film qui invitait à tendre l'oreille. Mais c'est un film sur la musique et c'est là où le bât blesse. Le son riche et velouté des violons apparaît comme voilé, coupé assez violemment, sans suspension dans l'air ni grandeur. Dommage, dommage, dommage.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur