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AU NOM DE LA TERRE

Un film de Edouard Bergeon

Dans le silence des champs, la misère

Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming et rachète la ferme des Grands Bois à son père. 13 ans plus tard, il a fait évoluer l’exploitation pour répondre aux nécessités du marché et il tente de garder la tête hors de l’eau. Un jour, un évènement dramatique va faire vaciller sa volonté de fer…

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Edouard Bergeon, a qui l'on doit le documentaire "Les Fils de la Terre", adapte ici l'histoire de son père, paysan que le système a poussé à bout. Le film se compose en trois parties distinctes. Tout d'abord, une rapide introduction de la jeunesse de Pierre et son retour à la terre natale. Puis l'action se transporte 13 ans plus tard. La ferme s'est modernisée et seuls le travail acharné de Pierre et la comptabilité de bout de chandelles de Claire leur permettent de ne pas sombrer. Vient alors l'incendie et la troisième partie du film : l'effondrement.

Guillaume Canet, qui campe le rôle principal de Pierre, est convaincant dans les deux premières parties. Il donne le change en jeune plein d'espoir et de promesses qui rachète sa terre à son père après avoir travaillé dans les ranchs américains. Il est également convaincant en agriculteur chevronné et courageux, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui est prêt à tout pour maintenir son exploitation à flots. Il est aussi un père aimant, proche de ses enfants, loin de la rugosité coutumière de la peinture du monde paysan.

Alors que Veerle Baetens, et Anthony Bajon sont plutôt en retrait dans ces deux parties et qu'ils permettent de faire valoir le personnage de Pierre et développent les aspects plus discrets de la vie de la ferme, les rôle s'inversent dans la troisième partie. Alors qu'eux montrent l'étendue de leur jeu, Guillaume Canet se perd dans un larmoiement qui peine à convaincre et qui manque d'incarnation. Outre un travail assez pauvre sur la lumière dans les intérieurs, ce sont essentiellement les plans de campagne, avec une lumière qui tente de proposer des choses mais qui échoue, que l'on retient. Avec assez peu de plans larges et de caractérisation de la région, les Grands Bois, sensée être la plus belle exploitation du secteur, pourrait être partout en France et ne semble pas très reluisante, même dans ses heures les plus glorieuses.

Au final, le film manque donc de cachet et son acteur principal n'est pas convainquant dans le dernier tiers. Mais il s’agit aussi d’un film qui montre l'importance de la femme dans le fonctionnement d'une exploitation agricole et qui dévoile une réalité assez peu illustrée, celle du mal-être agricole.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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