Festival Que du feu 2024 encart

NEWS

Festival

Festival de Deauville 2019 : Jeudi 12 septembre

13 septembre 2019
Festival de Deauville 2019 jeudi 12 septembre JT Leroy
© Black Leather Jacket

Commencer la journée par un documentaire est souvent le signe annonciateur d'une bonne journée.

Direction donc la projection matinale de "Memory - The Origins of Alien" d'Alexandre O. Philippe. Quoi que très bien exécuté, le documentaire va sans doute peiner à trouver un public car on n'y apprend pas grand chose de nouveau, ce qui risque de décevoir les fans. On y parle assez peu de techniques, ce qui va décevoir les amateurs d'effets spéciaux, costumes et décors. On y parle assez peu de mise en scène et d'écriture, ce qui peut décevoir les aspirant(e)s scénaristes et réalisateurs. Mais on y parle beaucoup beaucoup d'"Alien", ce qui peut mettre un frein à un néophyte. Le film s'ouvre sur la carrière de Dan O'Bannon, mais l'abandonne en cours de route pour défendre la thèse au cœur du film : si "Alien" a fonctionné, c'est qu'il a rencontré une audience et a su parler de tous les mythes de son temps et toucher à un imaginaire collectif. Le Film est présenté dans la section Docs de l'Oncle Sam.

Après ce film, c'est "Judy & Punch" de Mirrah Foulkes, en compétition, que Deauville porte devant nos yeux. Il s'agit sans doute du plus gros budget en compétition. Le film retrace l'histoire d'un couple de marionnettistes, Judy et Punch, qui exerce dans la petite ville aussi miteuse que superstitieuse de Seaside. Punch est un mari violent et la situation dégénère vite entre eux. Le film dans son ensemble est plutôt une réussite, loin d'être désagréable à regarder, il est divertissant, mais sa fin moralisatrice, très pertinente quoi qu'assez lourde, n'est pas vraiment préparée par l'histoire. Le thème de la sorcière et l'obscurantisme qui a mené bien des villages à massacrer des femmes innocentes, trouve ici une représentation intelligente mais maladroite.

Après une longue pause, toujours au CID et en compétition, "The Climb" était présenté par son réalisateur et l'un des acteurs principaux. Ils ont tous les deux remercié Deauville de les accueillir et ont dit tout leur amour pour le cinéma français, qui les a guidé pendant la fabrication du film. Il s'agit de l'unique comédie en compétition. Elle s'ouvre sur deux cyclistes dans une côte près de Nice. Ils sont meilleurs amis et l'un est le témoin de l'autre pour son mariage à venir. Alors qu'ils entament la montée, le témoin avoue qu'il a couché avec la future mariée. L'autre tente de le rattraper dans la montée pour le tabasser, mais n'y parvient pas. C'est un chauffeur français en 2CV qui va s'en charger. C'est à peu près l'esprit du film, un homme trop gentil et son inconscient, toxique et égoïste meilleur ami. Une comédie sociale un peu grinçante.

On ne sort de la salle d'Ornano que pour mieux y ré-entrer, cette fois-ci pour une Première, celle de "JT LeRoy" où Kristen Stewart et Laura Dern se partagent la vedette. Elles sont le corps et la voix de JT LeRoy, un jeune garçon de 19 ans, sauvage, que sa mère a fait se prostituer pendant son adolescence. Savannah (Kristen Stewart) arrive à San Francisco à la sortie du lycée. Elle y retrouve son frère et l'extravagante Laura qui partage sa vie. Laura est auteure et elle fait lire à Savannah son dernier livre, Sarah écrit sous le pseudonyme JT LeRoy. Savannah est bouleversée par cette lecture. Laura lui explique qu'elle se fait passer pour JT LeRoy au téléphone et que comme le livre à beaucoup de succès, elle aurait besoin d'elle pour incarner JT. Savannah accepte pour une photo. Elle ne se rend pas compte qu'elle s'est lancée dans une bien plus grande aventure, qu'elle est « en liberté dans les champs du Seigneur ». De ce scénario assez compliqué, c'est surtout la performance des actrices que l'on retient. Elles ne sortent jamais de leur rôle, y compris quand elles en endossent plusieurs, toutes les couches restent visibles. Est-ce, comme le film le dit, un jeu d'apparences où les personnages ne sont rien de plus que ce que l'audience veut bien mettre en eux, où y a-t-il quelque chose de plus ?

Et on enchaîne sur le film suivant. Il s'agit d'"American Woman" de Jake Scott. Le film est dans la section Premières et sert de support au Deauville Talent Award décerné cette année a Sienna Miller. Celle-ci incarne Deb, une mère et grand mère de 33 ans qui s'occupe de sa fille et de son petit-fils. Un jour, sa fille ne rentre pas à la maison, et elle se retrouve seule avec le bébé. Avec une performance d'une justesse et d'une force hallucinante, Sienna Miller donne corps et cœur à cette mère courage américaine, qui s'en sort grâce à la force de sa volonté et de sa famille.

Thomas Chapelle Envoyer un message au rédacteur
Source :