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Venise 2018
Bilan VR : des documentaires immersifs et souvent pédagogiques
L'ÎLE AUX MORTS
de Benjamin Nuel
Compétition – Linéaire
Prix de la meilleur histoire (linéaire)
Note : +2
Durée : 8mn
Voyage dans le tableau de Köhlin, "L'île des morts", film d'animation sans dialogue, propose une dernière traversée fantasmagorique sur une barque, traversant des ruines improbables, donnant à voir quelques silhouettes sous l'eau, jusqu'à l'arrivée sur une île à la silhouette impressionnante. Si l'observation se limite à une giration à 360 degrés, le voyage est néanmoins saisissant.
MADE THIS WAY : REDEFINING MASCULINITY
de Elli Raynai et Irem Harnak
Compétition – Linéaire
Documentaire
Note +2
Durée : 18mn (2 fois 9mn)
"Made this way" est un documentaire centré sur la question de la transition de genre. Dans une grande pièce, le spectateur doit choisir une des deux personnes face à lui, hommes ayant changé de sexe. Il aura alors accès à un ensemble de témoignages sur leur expérience, la notion de masculinité, le rapport au regard des autres, chacun présentant à la fin, pour l'un une danse mettant en avant son corps tatoué, pour l'autre ses œuvres en relief. L'interaction se limite à pouvoir se téléporter à différents endroits de la pièce, de façon à observer le personnage, démultiplié, de différentes distances ou côtés. Reste que le choix de ne représenter que la face avant des personnages est assez déroutant et peu esthétique.
IN THE CAVE
de Ivan Gergolet
Hors compétition – Biennale College – Linéaire
Note +2
Durée : 15mn
Filmé en caméra subjective, "In the cave" vous positionne dans un lit, avec un homme préparant un casque de mineur et une corde. Puis vous voilà errant dans une grotte, l'orientation de votre casque vous permettant d'éclairer les parois et donc d'apprécier les sécrétions, avant un final sous forme de parabole, que l'on taira. Une expérience un peu longuette pour arriver à son intéressant dénouement.
ISLE OF DOGS : BEHIND THE SCENES - VR
de Wes Anderson, VR par Felix and Paul
Hors compétition – Best Of – Linéaire
Documentaire
Note +3
Durée : 6mn
Présenté à Annecy dans une version plus longue en juin dernier, le "Making of" de "L'île aux chiens" de Wes Aderson est un passionnant documentaire qui permet à chacun des chiens impliqués de présenter son rôle, à la manière d'une mini-interview. L'élément très appréciable est d'être situé à la limite du décors où se trouve le chien, et en tournant sur soi-même de pouvoir voir les coulisses, les préparatifs en cours et l'agitation des animateurs (en accéléré forcément par rapport aux mouvements des chiens eux mêmes).
THE UNKNOWN PATIENT
Documentaire
de Michael Beets
Compétition – Interactif
Note +3
Durée : 9mn
Ce film nous positionne à la place d'un soldat blessé de la Première Guerre Mondiale, amnésique, qui sera resté 12 ans en hôpital avant qu'une infirmière ne publie sa photo dans le journal. L'action se passe dans un dortoir d'hôpital, avec un graphisme intrigant qui représente les personnages comme en peinture qui s'écaille par endroit. Une manière très intelligente de représenter la perte partielle de mémoire et le temps qui passe. En partie ludique (le spectateur doit placer des pièces dans une tirelire pour passer de séquence en séquence), le film constitue une immersion dans le quotidien d'un malade proche du documentaire animé.
1943 : BERLIN BLITZ
Documentaire – reconstitution
de David Whelan
Compétition – Linéaire
Note +3
Durée : 14mn
Produit par la BBC, ce film est un documentaire animé, reconstitution à partir d'un reportage audio d'un journaliste de la BBC, d'un vol partant d'Angleterre pour aller bombarder Berlin. À bord d'un bombardier Lancaster, vous vous retrouvez donc dans un cockpit avec différents membres de l'équipage, entendant leurs dialogues et pouvant observer (y compris en passant la tête au delà du fuselage) les cotes de la manche, les autres vaisseaux de l'escadrille, les faisceaux lumineux, les tirs visant à vous abattre, et enfin la ville en flamme sous vos pieds. Une expérience saisissante qui vous glace un peu le sang, mais qui s'avère historiquement indispensable.
HOME AFTER WAR
Documentaire
de Gayatri Parameswaran
Compétition – Linéaire
Note +3
Durée : 6mn (making of) + 20mn
Avant de vivre l'expérience "Home after war", il est intéressant de découvrir le making-of de 6 minutes, expliquant les intentions et la multitude de photos réalisées pour vous immerger ensuite dans cette maison bombardée de Fallujah en Irak. Le film, lui, est un documentaire vous proposant d'explorer la maison de Ahmaied, en vous téléportant d'un point à un autre, l'homme apparaissant dans chacune des pièces, pour s'adresser à vous et vous conter l'histoire de sa famille. À noter qu'en se rendant en certains points, il est aussi possible de voir des vidéos de la vie dans la maison en 360 degrés. Le tout se veut pédagogique sur la question des mines, et est accompagné par la suite, d'une explication par un membre d’ONG sur différents type de mines « domestiques » difficiles à détecter.
EVEN THE RAIN
Documentaire
de Lindsay Branham
Compétition – Linéaire
Note +2
Durée : 16mn
Documentaire sur la guerre civile en Centre Afrique, ce film est le témoignage de Guillaume, un jeune docteur issu de la minorité musulmane, dont la maison a été saccagée et le petit frère a disparu. Reconstituant différents événements, le film défend des valeurs et fait partie d'un programme visant à renouer le dialogue entre chrétiens et musulmans. Émouvant.
BORDERLINE
Documentaire – reconstitué
de Assaf Machnes
Compétition – Linéaire
Note +2
Durée : 9mn
Situé à la frontière israélienne au Sanaï, ce documentaire reconstitue le face à face entre deux soldats et un migrant d'Afrique Noire. Il s'agit d'un support pédagogique, jouant sur la durée et les rares bruits du désert (des pas, des cris d'oiseaux...) pour créer un certain suspense et en venir à une conclusion édifiante. Un film intéressant en forme de cas de conscience pour un militaire lui même d'origine éthiopienne.
HALF LIFE VR – Short Version
Documentaire
de Robert Connor
Compétition – Linéaire
Note +1
Durée : 12mn
L'immersion au cœur d'une troupe de danse moderne (le Royal Swedish Ballet, dirigé ici par Sharon Eyal), sur une scène, "Half Life" varie la distance avec les danseurs en fonction du rythme et des séquences musicales. Intéressant certes en termes de chorégraphies et mouvements des corps, ce documentaire a un gros défaut : celui de montrer de près tous les détails qu'une vue depuis la salle a le mérite de cacher : les gaines et les culottes couleur chair, notamment... L'esthétique en prend un coup et on s'ennuie très vite.
Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur