ACUSADA
Un thriller argentin intimiste et inquiétant
Depuis deux ans et demi, Dolorès Dreier, une jeune étudiante argentine, attend son procès. Préparant sa défense avec un avocat réputé, soumise à la pression médiatique, elle conte avant tout sur l’appui de sa famille, dont la solidarité ne sera pas forcément sans faille…
Film argentin présenté en compétition au Festival de Venise 2018, "Acusada" est finalement reparti bredouille du Lido, alors qu’on attendait son actrice principale ou son scénario au palmarès. Ce dernier, s'attache au cas d'une jeune femme accusée du meurtre de sa meilleure amie et dont le procès est sur le point d'avoir lieu. Assez linéaire dans la forme, il dévoile peu à peu les ambiguïtés de l'affaire et de sa protagoniste, dépeignant, en fond, les agissements en apparence intéressés des parents, les tactiques de l'avocat, le cirque médiatique incessant et carnassier (le rôle de Gael Garcia Bernal est plutôt intéressant, en journaliste persévérant), et le soutien des quelques amis restés fidèles.
Côté mise en scène, on notera nombre de bonnes idées, telle que l'arrivée au tribunal filmée au ralenti, symbolisant ce moment à la fois tant attendu et tant redouté par le personnage principal, ou le passage accompagné de guitare saturée où la fille s'approche du domicile de la mère de la victime, troublant moment d'égarement de la part de l'accusée. Mais ce sont aussi quelques séquences signifiantes qui retiendront l’attention d’un spectateur sans cesse sur le qui-vive. Celui de jambes pendant au bord d’un puits, symbolisant le bord du précipice dans lequel le procès pourrait jeter l’accusée, ou le le jeu de l'héroïne avec l'écho de sa voix, que personne ne semble plus entendre...
Avec quelques rebondissements bien sentis, c'est donc le suspense qui prévaut, autour d'un T-shirt introuvable, de la nature de l'arme du crime, d'un sac à dos disparu... Et au sein de ce thriller tout particulier, c’est avant tout l’agitation ponctuelle d’une caméra révélatrice de l’état des personnages, et la prestation de Lali Espósito, formidable d’ambiguïté, que l’on retiendra. Sans doute l’un des films de l’été à découvrir sans trop attendre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur