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YULI

Un film de Icíar Bollaín

Un touchant portrait d'homme devenu libre, sur fond d’Histoire de Cuba

Alors qu’il était enfant, Yuli (alias Carlos Acosta) fut forcé par son père de prendre des cours de danse. Toute sa vie celui-ci l’encouragea à suivre cette voie, malgré les brimades, l’éloignement, l’exil, lui permettant de devenir le danseur étoile cubain le plus connu au monde…

Yuli film image

Prix du scénario au Festival de San Sebastian 2018, nominé par 3 fois aux Goyas, ce biopic espagnol signé Icíar Bollaín ("L'Olivier", "Même la pluie") est un véritable exercice de finesse. Histoire du danseur étoile cubain Carlos Acosta, le film se construit dans une alternance intelligente et claire, entre la vie du jeune homme (son enfance, puis son adolescence…) et des flashs-forward sur la préparation d’un spectacle auto-biographique, qui implique le véritable danseur dans son propre rôle. La réalisatrice apporte le plus grand soin aux glissements d’une époque à l’autre, par souvenirs interposés, évocations dans les gestes des danseurs pour un retour en arrière, ou simples transitions vers un élément de répétition pour aller de l’avant.

Petit à petit se dégage une réelle émotion, alors que sont évoqués en toile de fond, les différentes situations politiques et économiques du pays (rapports contraignants avec l’URSS, embargo US, fuites bateaux vers les États-Unis, fin de l’aide russe et la famine qui l’accompagne…), la question de la liberté de choix et de mouvement étant au cœur de ce destin hors du commun. Contraint à l’exil, doutant de son propre talent, effrayé par la rupture potentielle avec ses proches et son pays, le personnage exprime autant sa solitude au travers de souvenirs parfois magnifiés ou rêvés, et donc réparateurs, qu’avec les numéros de danse qu’il dirige.

Ayant qualifié lui-même le tournage comme « une expérience intense, douloureuse et apaisante », Carlos Acosta grandit ainsi sous nos yeux jusqu’à devenir adulte et offrir un bel hommage à son père et à son pays, le plan final marquant forcément les esprits en termes de réconciliation. Et si le film est initialement adapté des mémoires de Carlos Acosta, intitulées No Way Home (2008), c’est aussi l’intelligence dramatique et la générosité de Paul Laverty, scénariste attitré de Ken Loach, dont il a écrit 14 des films ("Moi, Daniel Blake", "Sweet sixteen", "La part des anges"), qui transparaît à l’écran. Un mariage international de cultures qui rend un bel hommage à Cuba et ses habitants.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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