NEVADA
Les chevaux qui murmuraient aux oreilles des prisonniers
Incarcéré dans une prison au Nevada, Roman se voit proposer d’entrer dans un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de Mustangs sauvages…
Laure de Clermont-Tonnerre, que l’on connaît pour son travail en tant qu’actrice, a décidé pour son premier long métrage de réalisatrice, de poser son regard sur un sujet assez peu connu : la réhabilitation sociale à travers le contact avec les animaux dans l’univers carcéral. C’est ainsi que "Nevada" va suivre Roman, interprété par Matthias Schoenaerts, homme incarcéré, qui va apprendre à dresser des mustangs, le symbole équestre américain par excellence, mais surtout à se dresser lui-même et à se contrôler.
Le film se veut donc une immense métaphore du travail sur soi, et en ce sens, son scénario, bien que de très bonne facture, reste très classique, avec une structure proche de celle de la quête traditionnelle d’un héros, avec entre autres le personnage de Bruce Dern en mentor. Il y a donc peu de rebondissements et les scènes s’enchaînent de manière très prévisible, mais assez logique finalement, la narration étant intelligente, et les thématiques abordées intéressantes.
L’intérêt principal du film résidera plus dans ses aspects visuels. Si le découpage à proprement parler reste très classique, Laure de Clermont-Tonnerre fait le choix d’une mise en scène assez sensorielle et pousse les représentations métaphoriques de l’esprit de Roman assez loin. En dehors donc de la double représentation de Roman avec son cheval, qui est au cœur du film, on notera une utilisation efficace des décors avec cette prison perdue au milieu du désert, tout comme Roman est perdu au milieu de ses actes passés et de sa violence. On notera également l’utilisation pertinente du montage, pour retranscrire la violence et la rapidité avec laquelle celle-ci monte via la séquence de l’attaque dans la cours, ou encore avec un Jump cut à la Godard, qui montre Roman calme dans un premier temps, puis juste après une coupure Roman en train d’agresser un autre détenu, avec la caméra n’ayant pas bougé d’endroit, accentuant ainsi le côté instantané de la violence. Elle fait par là écho à la scène de psychothérapie où les prisonniers disent tous n’avoir laissé que quelques secondes au mieux entre l’idée du crime et le passage à l’acte.
Enfin, le jeu de tous les acteurs est irréprochable, Matthias Schoennaerts en premier, mais également Bruce Dern, absolument bluffant. Au final, "Nevada" est un film qui vaut le coup d’œil, abordant des thématiques universelles, et nous faisant découvrir ces programmes de réhabilitation peu communs et qui méritent d’être connus.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur