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HELLBOY

Un film de Neil Marshall

Hell tout court

Plongé dans une lutte dont l’issue déterminera l’avenir du monde, le démon à cornes Hellboy se retrouve face à un nouvel ennemi : Nimue, la « Reine de Sang » et épouse de Merlin l’Enchanteur, revenue d’entre les morts à des fins vengeresses…

Hellboy 2019 film image

Précisons d’abord que ce reboot d’"Hellboy" a fait un bide monumental à sa sortie aux États-Unis, et qu’il est bien parti pour connaître le même destin chez nous. Honnêtement, on ne va pas s’en plaindre. Attendre pendant si longtemps un hypothétique troisième opus de la saga conçue par Guillermo Del Toro et adaptée de la mythique BD de Mike Mignola, et apprendre que la trilogie tant fantasmée allait devoir rester une vue de l’esprit, c’était trop dur à supporter. Difficile de faire son deuil. L’annonce d’un reboot pur et simple avait fait craindre le pire, des premières annonces du casting jusqu’aux rumeurs – depuis confirmées – d’une mise en chantier totalement infernale. A ce stade-là, on n’est plus dupes de cette promesse de « Rated R » (en réalité un attrape-nigaud qui sert moins le film que la volonté d’appâter le chaland), de l’aptitude d’un cinéaste à se sortir intact d’un projet marketing conçu dès le départ pour de mauvaises raisons, et encore moins de l’indécence de certains producteurs à se servir de la culture geek comme d’une usine à rétentions pour un public-cible. De quoi légitimer notre envie de serrer les dents à chaque raccord de plan de ce qui s’impose bel et bien comme un désastre.

D’abord, il est inutile d’attendre quoi que ce soit d’un tant soit peu stimulant sur le plan du scénario. Il faut surtout croire qu’après "Doomsday" et "Centurion", l’agaçant Neil Marshall ne s’était pas calmé en matière d’ingrédients médiévaux exploités n’importe comment dans un univers à forte connotation mythologique. D’où un scénario sans doute rédigé un lendemain de chili con carne trop relevé, où notre démon à cornes rouges affronte ni plus ni moins qu’une Dame du Lac méga-vénère (et pas très bien caractérisée !) dans un fourre-tout mixant les légendes arthuriennes, le mythe de Baba Yaga, les combats de catch à la mexicaine, les créatures débiles en 3D à la sauce Jar Jar Binks et même la désormais inévitable baston finale en plan-séquence (avec du Mötley Crüe en fond sonore pour servir de cache-misère). Paumé dans un film sans direction artistique très claire, on assiste moins à une œuvre cinématographique qu’à une suite d’images qui bougent, avec des silhouettes qui s’agitent à l’intérieur en donnant l’impression d’attendre en vain une indication du réalisateur – guettez bien les gros plans de certains acteurs…

Quant aux ingrédients ayant fait le succès et la richesse des deux films signés Guillermo Del Toro, ils ont tous été pervertis. En lieu et place d’un Ron Perlman habité, bouleversant et totalement né pour le rôle, on récolte un David Harbour sans charisme, à la carcasse traînante et à la gueule tellement mal maquillée qu’il est impossible de savoir s’il joue bien. En lieu et place d’un bad guy shakespearien du niveau de celui magnifiquement incarné par Luke Goss dans "Hellboy II", on doit se farcir une Milla Jovovich toujours coincée dans sa période "Jeanne d’Arc", avec une propension toujours au top à faire rimer « jeu d’actrice » avec « hystérie destructrice ». En lieu et place d’un grand cinéaste geek comme Del Toro qui savait mixer les influences et les tonalités avec un génie inégalé, on se contente ici d’un réalisateur anglais surestimé, longtemps auréolé pour un joli coup de bluff ("The Descent") et désormais voué à fouiller les tréfonds de la série Z à cinq cent patates. Et surtout, en lieu et place d’un univers barré et surnaturel prompt à tous les délires graphiques, on visite un univers numérique bien dégueu, avec une production design aux fraises et plein de créatures cheap qui nous renvoient aux "Contes de la Crypte". Vous pensiez que ça ne pouvait pas être pire que prévu ? Erreur, ça l’est…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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