UN TRAMWAY À JERUSALEM
Un film à sketchs inégal
Les moments de la vie quotidienne de passagers d’un tramway traversant différentsquartiers de Jerusalem, et quelques brèves rencontres…
Le nouveau film d'Amos Gitaï est à la fois un dispositif et une succession de sketchs organisés dans et autour du tramway qui traverse Jerusalem. Comme le veut la tradition du genre du film de sketchs, l'ensemble est inégal, parfois drôle, souvent convenu ou trop attendu. Certains épisodes tiennent uniquement par la performance d'acteur (par exemple celui avec Delbono en prêtre catholique). Les sketchs avec Almaric retiendront l'attention du spectateur français, en particulier une lecture d'un texte de Flaubert sur son voyage avec Maxime du Camp de Beyrouth à Jerusalem. Il y decrit combien la Jerusalem fantasmée est decevante et dépourvue d'intérêt, fausse et déjà illusoire.
Toute la tension du pays est cristallisée dans cette rencontre entre un touriste français (encore Mathieu Almaric), captivé par les perceptions superficielles (ou peut-être essentielles, finalement ?) du pays et un israélien obsédé par la grandeur exemplaire de son armée, qui cherche par tous les moyens à obtenir son assentiment à ce sujet.
On peut cependant regretter de voir si peu de plans de Jerusalem, ne serait-ce que pour capter aussi bien les ambiances sociologiques des différents quartiers traversée, que la simple réalité du paysage urbain. Mais cette dimension documentaire ne semblait pas le projet de Gitai. Le tramway est construit par le cinéaste davantage comme le symbole d'une société bloquée et repliée sur elle-même : si le tram est en mouvement, les personnages de fiction qui peuplent le véhicule sont perdus et repliés dans leurs convictions et leur rancune. Un film mineur qui n'apporte pas grand chose à l'oeuvre de Gitaï.
Nicolas Le GrandEnvoyer un message au rédacteur