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CAPTIVE STATE

Un film de Rupert Wyatt

Un thriller qui aurait pu être captivant, mais qui nous laisse un peu sur notre faim

Les extraterrestres dominent depuis maintenant plus de dix ans la Terre via les gouvernements qui ont décidé de collaborer. A Chicago pourtant, un groupuscule de résistants s’apprête à porter un coup fatal aux aliens…

Captive state film image

Rupert Wyatt, à qui l’on doit la relance de la saga "La Planète des Singes" en ayant signé "La Planète des Singes les Origines", nous revient cette année avec une proposition plutôt alléchante. "Captive State", est en effet un projet personnel, puisque c’est Wyatt lui-même (avec l’aide de sa compagne Erica Beeney) qui en est la plume. Et il faut dire que l’idée de ce film est plutôt intéressante, puisqu’au lieu de nous conter une énième fois une invasion extraterrestre à travers un blockbuster, Rupert Wyatt opte plutôt pour nous narrer la vie et la résistance bien après notre défaite, à travers un Thriller SF.

Les faits prennent place une dizaine d’années après le premier contact. Là où on attendait le film au tournant c’est bien évidemment dans la description précise et cohérente de ce nouveau monde. Et force est de constater que l’univers est extrêmement bien détaillé. Wyatt nous fait ressentir le quotidien des habitants de Chicago, désœuvrés et ayant depuis longtemps accepté leur condition. Et on ne pourra pas le nier, que ce soit du côté des collaborateurs ou de la résistance, l’univers dépeint est cohérent de bout en bout et on y croit à fond.

Malheureusement, si cet univers fascinant est la force du film, il en est aussi son point faible. En effet, à trop vouloir présenter son univers, Wyatt en oublierait presque ses personnages, alors que ce sont eux qui doivent faire avancer l’histoire. En résulte donc un récit assez confus par moment, notamment du fait d’une présentation assez précipitée et mal amenée des personnages. Ceci est vrai en particulier pour Rafe, le frère, dont la « legendarisation » est trop survolée pour qu’on y croie réellement. Ce sentiment n’est pas aidé par la dilution du sujet avec une multiplicité de personnages principaux qui, dont le peu d’introduction rend le tout assez confus, surtout lorsqu’on ajoute à cela un rythme soutenu. Pire encore, aucun des personnages n’a de réelle évolution au long du métrage. Tous finissent avec les mêmes convictions qu’au début du récit, augmentant la frustration finale.

Autre petit défaut, en lien avec la narration, le montage laisse parfois à désirer, donnant l’impression à certaines reprises que des scènes manquent (comme lors de l’interrogatoire de Gabe, qui va voir son frère, puis se retrouve de nouveau dans la salle d’interrogatoire ou, toujours avec Gabe, lorsqu’il revient dans son quartier « jouer les cowboys » avec les forces de l’ordre). Une sensation regrettable car à côté on retrouve des éléments assez inutiles, comme les chasseurs aliens, dont l’arrivée est annoncée comme une très grande menace, mais qui au final ne sont que des souris narratives oubliées après une seule scène, ou encore la scène d’ouverture, peu utile car échouant à bien introduire les deux frères.

Ceci dit, au niveau de la réalisation, le côté thriller marche parfaitement bien. Wyatt filme l’entièreté de son histoire la caméra à l’épaule (les plans tournés sur un pied se comptent littéralement sur les doigts de la main) avec un style documentaire assez réussi. Il rend bien le côté désespéré de la situation, notamment avec une désaturation de l’image à l’outrance, qui contraste d’ailleurs avec les scènes se déroulant avant le premier contact, qui sont elles, à l’inverse, très colorées, tirant vers des dominantes rouges et orangées et donc chaleureuses.

Mais encore une fois, si ce style documentaire contribue au meilleur moment du film, à savoir le déroulement de l’attentat, particulièrement bien réussi et stressant, il rend cependant certaines scènes assez illisibles. Il s’agit notamment de celles, en présence des aliens, qui se déroulent constamment dans des décors sous exposés (peut-être pour les masquer). Ceci est d’autant plus dommage que leur design semble assez travaillé (comme tout ce qui a trait à la présentation de l’univers du film) mais est difficilement analysable car difficilement visible.

Au final, si cette critique s’attarde plutôt sur les points décevants du film, "Captive State" n’en reste pas moins un bon thriller qui arrive à nous prendre aux tripes dans ses moments clés, mais qui, à force d’étaler son univers certes riche, bien pensé et extrêmement intéressant, en oublie un peu de développer ses personnages et en devient confus. On passe cependant un bon moment dans la salle et on vous invite donc à aller le voir et à vous faire votre propre avis.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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