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EXFILTRÉS

Un film de Emmanuel Hamon

Immersion au cœur de l’État islamique

Faustine quitte la France avec son fils de 5 ans en faisant croire à son mari qu’elle se rend en mission humanitaire. Sauf qu’en réalité elle rallie les troupes de Daesh et s’enlise dans une situation dont elle veut maintenant s’échapper…

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Le cinéma français regarde assez peu souvent l’Histoire récente de son pays. Celle sur Daesh et comment des Français ont rejoint ce groupement armé a ainsi rarement été traitée par nos cinéastes hexagonaux. Aborder ce sujet par le prisme des femmes parties servir les djihadistes était une idée originale. Le scénario s’inspire d’une histoire vraie et fait largement écho aux événements survenus peu après sa sortie : la fin « physique » de l’État islamique.

L’histoire est suffisamment forte pour tenir en haleine le spectateur durant toute la durée du long métrage. Une femme, embarquant son fils de 5 ans, intègre Daesh après que cette dernière se soit convertie à l’Islam et qu’elle ai trouvé une raison d’être en aidant un peuple pour une cause qu’elle croit juste… Mais la réalité des faits lui saute ensuite au visage même si la caméra d’Emmanuel Hamon n’est pas frontale sur les combats, la haine religieuse ou encore la réduction de femmes au rang d’esclaves sexuelles. Tout juste Hamon pose parfaitement l’idéologie déployée auprès des enfants.

Et ce n’est pas un combat mais plusieurs qui sont décrits dans le film : celui de djihadistes menant le combat pour le contrôle armé de leur territoire, celui d’une femme qui veut s’échapper et sortir son fils de l’enfer, et celui d’un mari qui fait son possible pour faire revenir sa femme en France. Les comédiens s’en sortent globalement bien, et même plutôt très bien pour les jeunes Jisca Kalvanda, Finnegan Oldfield et Kassem Al Khoja. On a connu leurs aînés plus inspirés : Swann Arlaud paraît en petite forme (comparé par exemple au récent "Grâce à Dieu"), tandis que Charles Berling se croit toujours au théâtre et en fait des tonnes pour rien.

La réalisation colle parfaitement aux personnages bien que parfois le budget limité de la production lui confère des aspects de téléfilm français haut de gamme, et il arrive que l’on soit noyé sous des dialogues qui ralentissent beaucoup le rythme du métrage. Ce n’est donc pas totalement convaincu que l’on sort de la projection. On se dit que cette histoire-là aurait peut-être mérité qu’on lui laisse davantage de temps. Qu’on la laisse reposer un peu pour s’y plonger dedans avec un peu plus de recul ou qu’on la replace dans un contexte plus large. D’autres cinéastes s’y essaieront sûrement en s’emparant de ce sujet brûlant (voir le nouveau Téchiné au mois d’avril), qui risque de encore de faire les titres des journaux pendant longtemps.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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