LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO
Les beaux débuts de Miyazaki
Edgar de la cambriole (ou Lupin III) vient de dévaliser un casino avec son complice de toujours. Prix en chasse par la police, il s’aperçoit qu’il s’agit en fait de fausse monnaie et balance le magot par dessus bord. Sur une corniche, il sauve la vie d’une jeune femme en fuite, avant de se rendre dans la principauté de Cagliostro, d’où pourraient venir les faux billets, et où il découvre que celle-ci est retenue prisonnière…
Il n'était jamais sorti en salles en France, mais avait seulement été édité en vidéo par trois fois, avec des doublages et noms de personnages différents (Lupin III dans la manga, ou Edgar s’est ainsi appelé d’abord Vidocq puis Wolf, avant de redevenir Edgar). Voici donc que Splendor Films a décidé de distribuer le premier long métrage animé du maître Hayao Miyazaki, auteur de nombreux chefs d'œuvre, dont "Mon voisin Totoro", "Princesse Mononoké" ou "Le voyage de Chihiro". Produit en 1979, ce film d'aventure, s'il s'avère plus léger que ses films suivants, joue sur le principe du gendarme et du voleur, affichant un humour potache et visuel, tout en montrant les prémisses des futures obsessions de l'auteur.
On y découvre déjà une certaine fascination pour les machines. Ici la tour où est enfermée la fiancée possède à la fois une passerelle télescopique et des portes automatiques coulissantes, mais on y voit aussi un hélicoptère au Design futuriste, contrastant avec par exemple les modèles de voitures qui peuplent le film. On peut aussi lire au travers du scénario, non seulement une évidente dénonciation des paradis fiscaux, mais surtout un discours sur l'impuissance des structures internationales (Interpol, ONU...) face à certains pays et au blanchiment d'argent. Un discours qui forcément a toujours une résonance aujorud’hui.
Le comte est un parfait méchant, le policier un parfait faire valoir, quant au héros, il reste assez loin de ceux qui peupleront les films suivants du maître : c'est un adulte, il est flegmatique, macho et prétentieux. En cela on sera plus proche de personnages comme celui de sa série "Sherlock Holmes" que des jeunes héros du "Château dans le ciel" ou même du "Château ambulant". L'animation reste assez rudimentaire, mais elle montre tout de même déjà le goût pour des décors insolites et inquiétants (le château désertique, les tunnels inondés...), comme les actions frôlant l'impossible (le saut de tour en tour, la plongée au secours de la belle...).
"Le château de Cagliostro" permet en tout cas de faire le plein d'aventure et pour le plus petits de découvrir une certaine forme de romantisme chevaleresque. Une sortie en salles presque quarante ans après qui redonne à ce film un peu oublié dans la filmographie de Miyazaki, ses lettres de noblesse.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
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