L'HOMME A LA MOTO
Se racheter
En Argentine, à Tucumán, Miguel, père de famille, tente de joindre les deux bouts en pratiquant le vol à l’arraché en moto. Un jour, alors qu’il dérobe son sac à une vieille dame, il se retrouve à la traîner sur de nombreux mètres. Se sentant coupable, il tente d’avoir des nouvelles via l’hôpital, se faisant passer pour son locataire. Profitant de l’amnésie de celle-ci, il va prendre soin d’elle…
"L’homme à la moto" est une chronique douce-amère de la culpabilité, centrée autour d’un père souhaitant si ce n’est se racheter, tout au moins changer de comportement. Agustin Toscano pose en toile de fond, une ambiance tendue, avec des infos qui relatent pillages et grève de la police, et un fonctionnement familial qui relève presque du gang. Inscrivant mieux ainsi l’action de son protagoniste dans un élan de remords et de générosité, il questionne au passage la capacité de chacun à s’extraire de son milieu, l’ombre du complice rodant tout autant que celle de la police.
La relation entre les deux personnages, le voleur et la victime, intrigue, le spectateur devenant témoin d’un potentiel double mensonge. Face à un scénario à tiroirs, la mise en scène s’attelle, elle, à montrer les limites de la générosité et à faire ponctuellement monter la tension. Et quelques bonnes idées viennent ça et là donner un peu de supplément d’humanité à ces personnages prisonniers de leur condition (la désinfection tout nu avec seulement le casque de moto, le souvenir des deux sœurs…), comme donner un peu le vertige (les plans nocturnes, filmés en oblique…).
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur